NETTALI.COM - Les chiffres annoncés par le ministère de l'Économie, du Plan et de la Coopération sont révélateurs. D’après les données du ministère, les volumes d’exportation des producteurs sénégalais de ciment ont considérablement baissé les mois de  septembre et octobre 2024, par rapport à l’année précédente, soit une perte du chiffre d’affaires de près de 2 milliards FCfa.

Ce n’est pas la bonne affaire pour les géants de la production de ciment au Sénégal (Dangoté, Sococim, les Ciments du Sahel). Ces cimenteries ont passé des moments ennuyeux en termes de chiffres d’affaires des volumes d’exportation durant les mois de septembre et octobre 2024.

D’après les statistiques révélées par le ministère de l'Économie, du Plan et de la Coopération, les producteurs sénégalais de ciment ont exporté 108 300 tonnes de ciment en septembre et 109 500 tonnes en octobre 2024. Cela représente une baisse de 9,6 et 19,1%, respectivement par rapport aux volumes d’exportation de 119 800 tonnes en septembre 2023 et 135 400 tonnes en octobre 2023. Le calcul vite fait atteste que ces géants de la production du ciment au Sénégal ont perdu près de 2 milliards FCfa (environ plus de 1,757 milliards FCfa) durant les mois septembre et octobre 2024, comparativement à ce qu’ils ont eu à gagner en 2023 à la même période.

D’après un des hauts responsables de l’une des cimenteries du Sénégal, la baisse des exportations est due à deux facteurs. Premièrement, à cause de la Gambie qui a fermé ses portes depuis très longtemps, en procédant à l’augmentation de 500% des droits (de douane) d’entrée sur le ciment en provenance du Sénégal par voie terrestre entre avril et mai 2024. «On n'exporte plus en Gambie. Jusqu’ici, le problème n’est toujours pas réglé», souffle une source. Alors que la douane gambienne avait décidé, d’après le communiqué du Conseil des ministres du Sénégal en date du 24 avril 2024, suite aux discussions entre les Présidents Bassirou Diomaye Faye et Adama Barrow, de renoncer à la hausse des droits prélevés sur le ciment sénégalais.

Le deuxième facteur qui explique la baisse des exportations du ciment sénégalais, confie notre source, c’est la situation économique au Mali qui n’est pas du tout favorable pour les affaires des cimenteries du Sénégal. «C’est une baisse totale de notre chiffre d’affaires. Le marché, d'une manière globale, a fait une régression», se désolent les patrons de la production du ciment au Sénégal.

Notre source est également revenue sur le taux de croissance normal du marché du ciment qui est de 8%. Pour lui, entre janvier et octobre de l'année passée, il y a une hausse de 2% du taux de croissance. «On a perdu presque 6 points. Ce n’est pas bon. C’est comme une stagnation. Cela est dû à l'arrêt des chantiers et au ralentissement des activités économiques du pays», indique notre source. Les producteurs de ciment du Sénégal gardent espoir et s’attendent à une relance à partir de 2025, s’il y a une levée des mesures de l’État sur l’arrêt des chantiers, la reprise des activités économiques et le paiement de la dette intérieure des Bâtiment et travaux publics (Btp) estimée en octobre 2024 à plus 300 milliards FCfa. «Tous ces facteurs doivent être réglés pour que le marché devienne normal», a fait savoir, dans l’anonymat, le responsable d’une cimenterie.

Déjà, révèlent les chiffres du ministère de l'Économie, du Plan et de la Coopération, les ventes de ciment au Sénégal ont progressé de 17,3% sur un an à 480 200 tonnes en septembre 2024 contre 409 300 tonnes en septembre 2023 et de 3,6% sur un an à 536 700 tonnes en octobre 2024 contre 517 900 tonnes en octobre 2023. Aussi, la production des cimenteries nationales a augmenté de 14,8% en septembre 2024, passant de 534 300 tonnes à la même période de l'année précédente à 613 400 tonnes. Cependant, en octobre, la production a diminué de 3,6 % en glissement annuel, passant de 641 600 tonnes en octobre 2023 à 618 200 tonnes. «Pour la production de ciment, ce qui a augmenté un tout petit peu,  c'est un des compétiteurs(l’une des cimenteries) qui a augmenté sa capacité depuis l'année passée», a éclairé notre interlocuteur.