NETTALI.COM - Devant l'Assemblée nationale ce vendredi pour son discours de politique générale (DPG), Ousmane Sonko a abordé plusieurs sujets d'intérêt national. On retiendra notamment la ferme volonté de son gouvernement de revenir sur la loi d’amnistie votée sous le régime de Macky Sall. 

2 heures 25 minutes pour lire 104 pages. Ainsi se présente la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre. Ousmane Sonko est, ce vendredi 27 décembre, devant les députés, huit mois après son arrivée à la tête du gouvernement. Durant son discours, le chef du gouvernement est revenu sur plusieurs thématiques d'intérêt national, notamment la nécessité de revoir la politique fiscale du pays, la question des bases militaires, la réciprocité sur les visas, la vie chère, les Mines et l'énergie, le pari sur le privé national, entre autres sujets.

Selon lui, il est nécessaire d'élargir l'assiette fiscale afin que tous ceux qui doivent payer des impôts le fassent. A l'en croire, cela permettra à l'Etat de récolter plus de recettes de manière à en faire payer moins aux Sénégalais.

Mais Ousmane Sonko n'a pas parlé qu'économie. Il est revenu sur les questions politiques sur lesquelles il était du reste très attendu. Il s'agit notamment de la loi d’amnistie votée sous le règne de Macky Sall et dont l'abrogation est réclamée par de larges franges de la population. "Un projet de loi rapportant la loi d’amnistie votée le 6 mars 2024 sera proposé à l’Assemblée, afin que toute la lumière soit faite et les responsabilités enfin établies. Il ne s’agira pas d’une chasse aux sorcières, encore moins de vengeance, mais de justice", a laissé entendre le chef du gouvernement.

Ousmane Sonko a aussi promis la fermeture prochaine des bases militaires étrangères au Sénégal. Un pays comme la France compte encore des bases militaires au Sénégal. A Dakar comme à Paris, le débat est posé sur la nécessité de garder ses bases. En visite la semaine dernière dans une base militaire française à Djibouti, le président Emmanuel Macron avait indiqué que la fermeture de certaines bases militaires en Afrique était une décision souveraine de la France.

Justement parlant toujours des relations entre le Sénégal et les pays partenaires, Ousmane Sonko a annoncé la politique de réciprocité des visas. A l'en croire, le Sénégal compte exiger le visa à tous les ressortissants qui viennent de pays où le visa est réclamé aux Sénégalais.

"Nous appliquerons le principe de la réciprocité pour la délivrance de visa aux ressortissants de certains pays, l'exigeant à nos compatriotes", a annoncé Ousmane Sonko. Qui rappelle que "si la suppression de la procédure des visas biométriques payants est entrée en vigueur le 1er mai 2015, les textes législatifs et réglementaires l'instituant n'ont pas été abrogés subséquemment".

A cela, il faut ajouter le retour prochain de la taxe sur les appels entrants. Initiée par le régime de Wade, cette taxe avait été supprimée par Macky Sall dès son arrivée au pouvoir en 2012. Selon Ousmane Sonko, de 2012 à 2024, le Sénégal a perdu au moins 600 milliards de francs Cfa sur les appels entrants non taxés.

Vie chère

La lutte contre la vie chère était également au coeur des préoccupations du gouvernement et de son Premier ministre. “En plus de renforcer l’éducation et la sensibilisation des consommateurs, l’État veillera au respect de leur droit à l’information sur les produits et services qu’ils achètent et au renforcement de la sécurité des produits alimentaires et non alimentaires mis en vente sur les marchés, à la protection contre les pratiques commerciales déloyales ainsi qu’à la protection des données personnelles des consommateurs et usagers".

Sur le même registre, il a insisté sur la nécessité de revoir les politiques de subventions à l'énergie, pour qu'elles puissent impacter directement les ménages les plus démunis.

Le pari sur le privé national

Le gouvernement sénégalais s’engage, par ailleurs, à faire du secteur privé le moteur de la création de richesses et d’emplois. Un engagement qui se traduira, d’après le PM, par la réforme du Code des investissements, afin d’en faire le seul régime d’exception. “Cette réforme vise à élargir les secteurs éligibles ainsi qu’à revoir les critères d’éligibilité pour inclure dans son champ d’application la petite, voire la très petite entreprise, intégrer la problématique de l’accès au foncier, les incitations non fiscales ou la redéfinition du régime de protection des investisseurs. Un programme de marketing international sera mis en place pour vendre le label Invest in Senegal”.

Avec l'implication du privé national, le gouvernement compte développer le tissu industriel, en misant sur des filières telles que l’agro-industrie, les industries extractives, les industries manufacturières ciblant les produits textiles, d’habillement et du cuir ou le montage local de produits industriels de consommation courante, des matériaux de construction ou des industries de services à haute valeur ajoutée. “Pour chacune de ces filières, nous mettrons en place une stratégie dédiée, en l’accompagnant d’incitations financières et fiscales, en donnant la priorité aux activités créatrices de nombreux emplois”.

L’État, selon Ousmane Sonko, va miser sur le secteur agricole, pour le développement de l'agro-industrie. “En rapprochant physiquement les zones de production des unités de transformation, ils permettront de réduire les pertes post-récolte, d’améliorer la visibilité sur les stocks et d’optimiser la gestion des volumes de production. Ces infrastructures intégrées deviendront également des vecteurs d’innovation technologique”, a-t-il ajouté.

Mines et hydrocarbures

Les orientations du nouveau régime Après le démarrage de la production de pétrole, le Sénégal va lancer le First Gas à partir de 2025. L’ambition est de maximiser l’impact local des hydrocarbures et d’en faire une locomotive de la diversification économique. Le Premier ministre s'engage.

Nous procèderons à la structuration d’une filière pétrochimique pour répondre à la demande nationale et sous-régionale en produits et dérivés du pétrole et du gaz”.

Sonko a aussi insisté sur le développement des capacités du secteur aval des hydrocarbures qui va démultiplier les impacts des hydrocarbures sur le reste de l’économie : l’agriculture (urée), l’industrie (raffinage), etc. Le gouvernement s'engage également à mettre tout en oeuvre pour la réalisation rapide du projet de construction et de gestion d’un réseau de gazoduc (Gas to power), afin de garantir l'approvisionnement de nos entreprises en énergie à un prix très compétitif, de l’ordre de 60 F CFA contre 110 F CFA actuellement. Sonko fait aussi état de la restructuration de la Senelec, dans le cadre de la réforme du secteur de l’énergie.

Dans le même sillage, il a annoncé que le secteur des métaux ou minerais précieux, en particulier l'or ou le zircon, feront l’objet d’une attention particulière, en renforçant le contenu local de leur exploitation, à travers notamment un quota minimal d’approvisionnement du secteur artisanal et industriel local de l’or ou de transformation locale du zircon et en limitant leur effet sur l’environnement naturel et sur les terres agricoles cultivables.

Il peste : “Nous engagerons, sans faiblesse aucune, l’évaluation des contrats et pratiques en place dans les secteurs des hydrocarbures et des mines, afin de corriger ce qui doit l’être, sans tarder, en ayant comme seul souci que l’intérêt suprême du peuple sénégalais. De la même manière, nous nous attèlerons à la revue et à la mise à jour de la politique et de la réglementation dans ces deux secteurs.