NETTALI.COM - Le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, a exprimé, vendredi, à Dakar, la volonté du gouvernement de voir adopter dès cette année le projet de loi portant Code de la publicité actualisé pour parvenir à une meilleure régulation du secteur.
Cette mise à jour intègre, entre autres, de nouveaux dispositifs qui prennent en compte les évolutions induites par le développement du numérique et des technologies de l’information et de la communication, a justifié la tutelle.
« Nous travaillons de concert avec les différents acteurs pour actualiser la loi portant Code de la publicité et faire en sorte que l’Assemblée nationale puisse la voter au cours du premier trimestre de l’année 2025, afin que le secteur soit davantage structuré », a déclaré le ministre en marge de l’atelier de partage sur l’avant-projet de ladite loi.
La loi sur la publicité qui date de 1964, a été révisée en 1983, et n’a jamais été accompagnée d’un décret d’application, a rappelé Alioune Sall, qui la juge « obsolète ».
Cette loi n’a pas non plus pris en compte le développement des technologies de l’information et de la communication, ni le numérique, par où passent aujourd’hui plus des deux tiers des revenus publicitaires, notamment via les GAFAM, l’acronyme formé par l’initiale des géants de l’internet (Google-Apple- Facebook-Amazon-Microsoft), a souligné le ministre Alioune Sall, ingénieur spécialisé en mise en réseau des systèmes informatiques et télécoms et ancien cadre à l’opérateur SFR en France.
Dans un souci de modernisation, l’État du Sénégal s’attèle ainsi à la formalisation du secteur publicitaire, avec plusieurs objectifs visés.
Selon Aliou Sall, cette réforme souhaitée par la tutelle est avant tout une réponse à un besoin d'adaptation à l'ère du numérique. Aliou Sall s'explique : “Aujourd'hui, on sait que 90 % des résidus publicitaires se font à travers les plateformes e-commerce. Donc, l'innovation majeure, c'est l'implication du secteur numérique de manière générale, qui va permettre la récupération de cette manne financière à travers tous les contenus absorbés par les Sénégalais pour qu’ils puissent en bénéficier. Aujourd'hui, il y a cette absence de législation qui fait qu'on ne peut même pas réclamer nos droits.”
M. Sall a ajouté en soutenant que “deux tiers de la manne financière générée par la publicité dans le monde sont captés par les multinationales des technologies de l’information et de la communication.”
Toutefois, selon le ministre de la Communication, pour une formalisation du secteur de la publicité, une base de données claire sur les acteurs est plus que nécessaire. “Il nous faut identifier l’ensemble des régies publicitaires ainsi que les agences de conseils et autres acteurs qui opèrent au Sénégal, en veillant à ce qu’ils se conforment aux dispositions légales.”
À l'en croire, c'est uniquement de cette façon qu’il serait possible de “protéger les acteurs du secteur avec plus de transparence pour l’uniformisation des procédures et de leur taxation par l’administration centrale et celle des collectivités territoriales, mais aussi de protéger les consommateurs.”
Les principaux acteurs du secteur présents à cet atelier apprécient bien évidemment cette décision du ministre. “Cette initiative ne pouvait mieux tomber. La loi de 1983 ne dispose pas de décret d'application et celle de 1964 est désuète. En outre, si le projet va au bout, cela pourrait constituer une bouffée d'oxygène pour nous” soutient le président de l'association des régies publicitaires, Abdoulaye Thiam. Ce dernier illustre son propos en déclarant : “Durant les dix dernières années, nous avons subi de nombreux dommages par le saccage de nos panneaux publicitaires. Cela a poussé beaucoup d'investisseurs du secteur à mettre la clé sous la porte. Ce que nous souhaitons, c'est juste une sécurité d'implantation, et cette dernière ne pourrait voir le jour qu'avec une loi qui organise le secteur.”
Après avoir applaudi ce projet de la tutelle, ces agents de la publicité ont soumis quelques sollicitations au-près de celle-ci. “Cette rencontre est aussi pour nous une occasion de soumettre quelques doléances à la tutelle. Nous pensons qu'à l'instar de tous les acteurs et de toutes les composantes de la presse, nous méritons de disposer d'un local à La Maison de la presse Babacar Touré. Cela nous permettrait d'être dans un même bloc, en contact permanent avec nos principaux collaborateurs. Deuxièmement, une part devrait aussi revenir au secteur de la publicité dans le fonds d'aide à la presse. Nous osons espérer que la tutelle va s'atteler à la correction de ces deux anomalies”.