NETTALI.COM - C'est à croire que le Président Bassirou Diomaye Faye commence à avoir un sérieux problème avec ses décrets de nominations. C'est du moins la conviction de nombreux militants et responsables de Pastef irrités par les dernières nominations du président de la République.
Faire la promotion de gens qui ont toujours insulté le Pastef et son président. C'est que de nombreux responsables et militants "patriotes" reprochent au chef de l’Etat. Et il faut dire les dernières nominations faites par Bassirou Diomaye Faye ne risquent pas d'arranger les choses. C'est en effet une colère noire qui s'est emparée des réseaux sociaux depuis la publication du décret portant nomination des nouveaux membres du Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA). Une personne semble particulièrement attiré l'attention des partisans et sympathisants d'Ousmane Sonko. Il s'agit de celle de la dame Aoua Bocar Ly Tall nommée "au titre des personnalités qualifiées du milieu des lettres". Un poste qui était du reste vacant. Problème : cette sociologue, titulaire d'un doctorat en sociologie, est connue pour avoir passé le plus clair de son temps à insulter Ousmane Sonko et son parti, notamment lors de l'affaire "Sweet Beauté". Très vite, ses posts sur les réseaux sociaux ont refait surface. Posts aux relents ethnicistes. N'hésitant pas à traiter Ousmane Sonko et ses partisans de "terroristes", Aoua Bocar Ly Tall a mené un farouche combat contre les tenants actuels du pouvoir. Résultat : les "Patriotes" ne comprennent pas sa nomination. Si certains en veulent au Président Bassirou Diomaye Faye, d'autres accusent son directeur de cabinet ou encore le ministre de la Communication, Alioune Sall.
Mais les "Pastefiens" ne sont pas au bout de leur peine. Raki Kane, autre pourfendeur d'Ousmane Sonko, est, elle aussi, "récompensée" par le ministre Alioune Sall. Coordonnatrice de la Semaine du numérique "Sénégal connect" puis nommée en 2023 par Macky Sall au poste de secrétaire exécutif de la Commission d'évaluation, d'appui et de coordination, elle est désormais vice secrétaire générale de la Conférence africaine de startup. Ce, écrit-elle, grâce à la "confiance et le soutien institutionnel permanent" des autorités sénégalaises dont le ministre Alioune Sall.
Et ce n'est pas la première fois qu'un décret de Bassirou Diomaye Faye suscite polémique. En octobre dernier, la nomination de Samba Ndiaye, un ancien de Benno Bokk Yakaar, avait créé une vive polémique chez les partisans et militants de Pastef. Certains menaçaient même de ne pas voter aux législatives de novembre. Ce qui avait obligé Ousmane Sonko à publier un message sur Facebook. "Nous accusons réception des multiples expressions de votre indignation suite à une nomination intervenue récemment. En tant que président du parti, je me réjouis de votre vigilance qui témoigne de la maturité de notre démocratie interne et prend sa source de ce douloureux souvenir des épreuves auxquelles nous avons été soumis pour en arriver là où Dieu a bien voulu. Soyez convaincus que ce souvenir est plus vivant et tenace en nous qu’en chacun de vous.
Je puis vous assurer que le Président Diomaye, qui a certainement pris la décision sur proposition alliée, n’avait aucune connaissance des faits dénoncés", avait-il posté. Avant de poursuivre : "Je rappelle la position historique de notre parti : il reste ouvert à collaborer avec tous les Sénégalais convaincus par le projet et soucieux de son succès. En revanche, il reste fermé à toute personne impliquée dans une gestion scandaleuse d’une responsabilité publique, ou ayant fait montre d’un zèle excessif dans l’inimitié contre le parti, ses leaders ou ses membres." Non sans promettre : "Je ne doute pas que les mesures correctives idoines seront apportées au plus vite."
Quant à Bassirou Diomaye Faye, il avait préféré appeler au dépassement : "Je l'ai déjà dit, nous venons de loin, après des heurts qui ont marqué notre pays. Nous avons souffert et celui qui a subi le plus, Ousmane Sonko, a annoncé avoir pardonné. Nous devons faire preuve de dépassement (...) Nous avons annoncé des appels à candidature, donc nous ne nous bornons pas seulement aux gens qui font partie de nous. Ceux qui, par le passé, nous ont injuriés, y font également partie. Les Sénégalais nous ont fait confiance grâce à notre projet, et ce projet inclut tous les Sénégalais", avait déclaré le président de la République.
Sauf que ces nominations créent un véritable malaise dans les rangs de Pastef où certains s'interrogent sur le sens même de leur combat.