NETTALI.COM - Ah ces nominations, elles doivent être devenues un véritable casse-tête pour le président de la république. Il suffit qu’une ne fasse pas l’unanimité dans le microcosme Pastéfien pour qu’on assiste à une avalanche de critiques et d’insanités balancées dans les réseaux sociaux.

Et parmi ces nominations, une pose vraiment problème à des militants, activistes et chroniqueurs de Pastef dans les réseaux sociaux. Nommée "au titre des personnalités qualifiées du milieu des lettres", un poste resté vacant, cette sociologue, titulaire d'un doctorat en sociologie, est connue pour avoir passé un certain temps critiquer Ousmane Sonko et son parti, notamment lors de l'affaire "Sweet Beauty". Très vite, ses posts sur les réseaux sociaux ont refait surface. Posts aux relents ethnicistes. Comme celui d’avoir fait valoir que tous les hommes valeureux de ce pays, viennent du Fouta. Un discours d’opposition à Ousmane Sonko, qualifié de "régionaliste" à l'époque par certains membres de l’Apr. N'hésitant pas à traiter Ousmane Sonko et ses partisans de "terroristes". Résultat des courses, les "Patriotes" ne comprennent pas sa nomination. Si certains en veulent au Président Bassirou Diomaye Faye, d'autres accusent son directeur de cabinet ou encore le ministre de la Communication, Alioune Sall.

Des posts ethnicistes d’Aoua Bocar Ly Tall qui ne plaident pas vraiment en sa faveur par le simple fait qu'ils sont très éloignés des valeurs combattues par le Cnra dans les médias.

Des réactions, il y ‘en a évidemment eues. Comme celle de Guy Marius Sagna qui relève que "cette femme fait la promotion d’un Sénégal divisé sur une base dangereuse (référence aux post ethnicistes)", demandant de "corriger cette erreur par la démission de la concernée ou qu’elle soit enlevée des membres du Cnra "; ou celle relative au post d’Elie Charles Moreau, relevant du parfait délire. "Au train où vont décrets et arrêtés de nominations, il ne serait ni exagéré, ni excessif d’instituer, voire d’institutionnaliser, un Bureau de Validation des nominations (B.V.N.) : la sécurisation et la conversion en destin du « PROJET » sont à ce prix ! Impérativement ! Impérieusement ! Et en urgence plus que pressante ! Et le tout encadré et scrupuleusement sous suivi de tous les compatriotes, au Sénégal et en les diasporas (…)», a écrit celui-ci ; de même que celle du collectif des sections communales de Pastef qui dénonce "la promotion des adversaires et ennemis du projet… " tout en menaçant.

Mais heureusement qu’il existe des hommes un peu plus raisonnables pour tenter de clamer le jeu. Parmi les réactions, celles d’El Malick Ndiaye, de Dahirou Thiam de l’Artp ou encore d’Amadou Ba du Pastef.

Tout se passe en effet comme si les nominations sont désormais devenues un domaine partagé entre le président de la république et certains militants du Pastef. Ceux-ci font certainement mine d’oublier que le pouvoir de nomination aux emplois civils et militaires du président de la république, relève d’une prérogative constitutionnelle qu’il est le seul à détenir.

Une affaire Aoua Bocar Ly Tall qui n’est d’ailleurs pas très loin du dérapage du ministre de la santé Ibrahima Sy qui, lors d’une sortie, avait déclaré que quand il reçoit un CV, il "vérifie s’il est de Pastef, parce que sa priorité "ce sont les gens de Pastef".

Des propos sectaires et discriminatoires qui résonnent mal dans une république. Un ministre pourtant pas critiqué de manière aussi virulente, toujours en poste et à qui on n’a pas demandé la démission dans les rangs de Pastef.

La question est maintenant de savoir s’il faut faire preuve de dépassement ou s’il faut définitivement condamner Oua Bocar Ly Tall pour ses propos. Pour sa défense, celle-ci a demandé à ses détracteurs d’avoir un esprit de dépassement et de voir cette autre partie positive d’elle.

N’oublions pas aussi le cas Samba Ndiaye, dont le limogeage avait été demandé, sur fond de manipulations (dans une confusion volontaire avec un autre homme politique) relatives à des paroles peu amènes qu’il aurait proféré contre Ousmane Sonko. L’on s’était cette fois encore pris au président Diomaye Faye, alors que dans la réalité, Samba Ndiaye, ce membre de la coalition Diomaye n’était non seulement pas membre de l’Apr, mais encore, il s’était dès les premiers moments opposé à la candidature de Macky Sall. Ce qui lui avait valu son limogeage.

Des attaques à l’époque contre le président de la république signés Guy Marius, Waly Diouf Bodian et quelques autres membres de Pastef. Ousmane Sonko était même entré dans la danse, espérant que le président Diomaye Faye revienne à la raison, en balançant au passage une sorte de mise au point contre Diomaye himself. "Je rappelle la position historique de notre parti : il reste ouvert à collaborer avec tous les Sénégalais convaincus par le projet et soucieux de son succès. En revanche, il reste fermé à toute personne impliquée dans une gestion scandaleuse d’une responsabilité publique, ou ayant fait montre d’un zèle excessif dans l’inimitié contre le parti, ses leaders ou ses membres. Je ne doute pas que les mesures correctives idoines seront apportées au plus vite.", avait-il écrit.

Le président de la république réagissant avait à son tour alors appelé à un esprit de dépassement.

Si en tout cas l’on devait se mettre à relever les attaques d’opposants contre Ousmane Sonko, aurait-on nommé Aminata Touré à un quelconque poste ? Assurément non. Et pourtant l'ancienne Premier ministre et ancienne dirigeante de la campagne des législatives de Benno n’était pas du tout sympa et tendre avec Ousmane Sonko, allant même jusqu’à dire que l’Apr ne tient pas le carnet de rendez-vous de sweet Beauty. Et ça, ça ne compte pas ?

Que le peuple de Pastef n’oublie pas aussi qu’Ousmane Sonko n’était pas des plus tendres avec Macky Sall et son régime et qu'il a eu à dire beaucoup de choses pas très amènes. Que ceux-là qui s'indignent et dénoncent cette nomination, fasse preuve de dépassement et mettent tout cela sur le compte des déclarations politiques, comme ils ont souvent tendance à le faire pour dédouaner Ousmane Sonko, lors de sorties où ses propos sont jugés excessifs. Car en aucun cas des critiques contre Ousmane Sonko ne devraient pouvoir disqualifier un Sénégalais dans le cadre d’une nomination en république. Par contre comme le leader de Pastef l’avait souligné dans le cas de l’affaire Samba Ndiaye, "une gestion scandaleuse d’une responsabilité publique" peut elle bien l’être. Sachons donc rester raisonnables.

Et cette fois, raisonnable Ousmane Sonko l'a été en faisant cette sortie comme pour clore le débat dans ses rangs Et comme pour dédouaner le président Faye, il a fait savoir que le président de la République lui a soumis cette proposition sur laquelle, il n’a trouvé aucune anomalie., précisant au passage que "si les gens pensent que nous connaissons tous nos pourfendeurs, ils se trompent".

"Reprenons nos esprits", leur a-t-il lancé avant d’enchaîner : "s’ il y a des gens qui propagent des rumeurs disant que le Président Diomaye nomme des anciens détracteurs de Sonko à des postes. C'est faux. Rappelez-vous que Diomaye a passé presque 12 mois en prison pour me défendre".

Ousmane Sonko n’a d’ailleurs pas manqué de mettre en garde ceux qui cherchent à déstabiliser le Président Diomaye, estimant qu’il ne l’acceptera non seulement pas, mais qu’il est le Président de tous les Sénégalais. Par conséquent, ils ne doivent pas chercher à affaiblir le chef de l'État, soulignant au passage que l'État ne peut pas recruter tout le monde.

Pour le Premier ministre Ousmane Sonko, les militants se doivent d’être " sereins", appelant à la nécessité de respecter les institutions et de maintenir l’unité. "Nous gérons un pouvoir qui représente 18 millions de Sénégalais. Arrêtons de semer la confusion par des menaces."
Enfin, Ousmane a terminé son live en appelant à plus de respect pour le Président, tout en insistant sur le fait que le gouvernement est actuellement dans une phase de stabilisation, malgré la résistance d’un système qui demeure encore fort et bien en place.

Tout cela pour dire qu’on n’est pas sortis de l’auberge avec toutes ces confusions dans les nominations. Et l’on devrait compter encore pour longtemps avec ces néo-censeurs de la république contre les nominations éloignées des standards du Pastef.

La question est dès lors de savoir ce qu’elles vont être les réactions du peuple de Pastef si jamais demain les appels à candidature prochaines annoncées devaient permettre de recruter des non pastéfiens supplémentaires dans le gouvernement et les entreprises publiques ?

Un limogeage de la nouvelle nommée serait évidemment une de trop, après celui de Cheikh Oumar Diagne en fin décembre 2024 et serait même révélateur d’un manque de rigueur dans les procédures de nomination et d’un président qui aura tendance à céder aux pressions.

Mais nos gouvernants à la tête de l'exécutif devraient apprendre une chose : se garder de prendre les réseaux comme baromètre pour gouverner et éviter de répondre à la moindre agitation de leurs militants. Les réseaux sociaux, eh bien c'est la rue publique et non la république. L'on est en effet sur une logique de construction d'une nation et l'on ne devrait cesser de confondre l'Etat et le Pastef. Tous les Sénégalais de quelque bord qu'ils soient, ont le droit à un poste à condition d'être compétents