NETTALI.COM - A Ziguinchor, les conducteurs de motos « Jakarta » ont exprimé leur colère contre une circulaire jugée inadaptée, dénonçant une menace directe à leur survie économique.

Les conducteurs de motos «Jakarta» de Ziguinchor ont sonné, hier, la grande mobilisation dans les rues de la ville pour exprimer leur colère et leur désapprobation face aux mesures prises par l'État, plus précisément par la Direction générale des transports routiers, dans le cadre de l'immatriculation gratuite des deux-roues motorisées, comme le stipule la circulaire portant le sceau de la Primature. Une circulaire qui exige, entre autres, des conducteurs de motos «Jakarta» la présentation des documents suivants : un certificat de vente dûment légalisé, un certificat de mise à la circulation (éventuellement accompagné d'une quittance, si la provenance est autre qu'un bureau de douane), une déclaration de douane, ainsi que des photocopies légalisées des cartes nationales d'identité (ou du passeport) du vendeur et de l'acheteur. Si le vendeur est un étranger hors de l'espace Cedeao, il doit exclusivement fournir les copies légalisées de son passeport.

Pour manifester leur désapprobation, les conducteurs des deux-roues ont «déchiré» la note de service émise par la Direction générale des transports routiers, avant de semer des ordures dans les rues de la ville et d'y mettre le feu. «L'État du Sénégal, avec à sa tête le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, a trahi cette jeunesse qui les a soutenus lors des dernières élections. Toutes ces mesures qu'ils ont prises risquent de pénaliser une large frange de la population, notamment les jeunes, qui dépendent de ce moyen de transport pour leurs activités quotidiennes, c'est-à-dire pour vivre, pour aider leurs familles», explique, la mort dans l'âme, le conducteur de moto «Jakarta», Mamadou Lamine Diédhiou. Lui empruntant sa trompette, un autre conducteur, Ibrahima Thiam, déclare : «Ce gouvernement, qui nous a informé le «Gatsa-Gatsa», a trahi aujourd'hui la jeunesse sénégalaise. C'est pourquoi ils doivent comprendre qu'ils ne nous imposeront jamais leur décision. Nous avons lutté et combattu l'ancien régime pour qu'ils parviennent au pouvoir. Nous les attendions sur d'autres fronts, au contraire, comme la création d'emplois. Depuis qu'ils sont à la tête du pays, ils n'ont rien fait. Aujourd'hui, ils nous demandent de nous conformer aux mesures qui nous laissent sans solution. L'Etat ne semble pas savoir ce qu'il veut. Nous exigeons simplement de pouvoir travailler comme avant, avec la mairie de Ziguinchor qui va nous fournir des plaques d'identification pour que nous puissions travailler. Nous ne demandons qu'à travailler, pas de futilités. Si nécessaire, nous risquons nos vies, mais nous ne céderons pas.»

Déçu et ruminant sa colère, Dembo Diédhiou renchérit : «On nous avait promis une immatriculation gratuite, mais en arrivant au service, on nous demandait de payer des frais supplémentaires évitant les 30 000 FCFA. Des timbres à 2 000, 5 000 et autres frais atteignant 28 000 FCFA. Comment justifier un tel montant pour une simple plaque ? Nous ne l'acceptons pas», a-t-il soutenu.

Interpellé à sa sortie d'audience avec la Directrice régionale des transports routiers à Ziguinchor, le président de l'Association des conducteurs de motos «Jakarta» de Ziguinchor et de l'Union nationale des motos-taxis du Sénégal a déclaré : «La situation à Ziguinchor ne peut être comparée à celle de Dakar. Les Tiack-Tiack ​​de Dakar sont différents de ceux de Ziguinchor. L'Union nationale des motos-taxis regroupe 35 départements sur 45, et nous ne pouvons pas accepter que les décisions prises à Dakar s'appliquent aux autres régions, sans tenir compte de nos réalités locales. Nous n'avons pas les moyens de payer pour trois mois. Si 367 000 motos doivent être immatriculées à l'échelle nationale, comment les autorités compétentes comptent-elles gérer cela ? A Ziguinchor, si tous les conducteurs se retrouvent ici, ce sera le chaos.»

Ansoumana Badji et ses camarades ajoutent qu'ils ne veulent pas de la note de service de la Direction générale des transports routiers. Pour exprimer leur colère et leur amertume, les conducteurs de motos «Jakarta» ont versé des tas d'ordures dans les rues de la ville avant d'y mettre le feu.