NETTALI.COM - A l’heure où certaines nominations du président de la république, à la tête ou au sein des organismes publics, sont contestées, l’on devrait vraiment s’inquiéter des travers qu’emprunte la gouvernance actuelle du pays. .
La question que l’on ne peut pas ne pas se poser, est de savoir ce qui peut justifier une telle posture consistant à s’arroger un droit de vie et de mort sur les nommés de la république ? L’appartenance au parti Pastef ? La participation au combat qui a consacré le triomphe et l’arrivée de la coalition Diomaye - et par ricochet le Pastef - au pouvoir ?
Aucune fronde, quelle que soit son degré de virulence, ne peut être une raison suffisante pour faire reculer ou plier nos chers gouvernants, face à ce que l’on peut qualifier de terrorisme, voire de dictature de la part d’une certaine frange de l’opinion. Elle ne doit pas non plus pouvoir déclencher une sortie du Premier ministre ou susciter une adresse à la nation du Président de la république.
Ces militants qui se sont battus pour le triomphe de la coalition « Diomaye Président » (alternative du parti Pastef dissous à l’époque) qui a vendu la rupture et l’objectif de casser le système, ont en effet, reconnaissons-le, participé à un vote massif, assimilé à un référendum contre le régime d’alors. Mais lorsqu’ils se battaient, ne l’ont-ils fait pour une cause en laquelle ils croyaient ? Certains ont perdu la vie, leur emploi dans ce combat, d’autres ont été blessés, emprisonnés. Ce qui veut dire qu’ils ont mené ces combats au prix de sacrifices reconnus, étant entendu que l’on n’aurait jamais dû réprimer les manifestations de cette façon-là, en république, surtout pour un droit constitutionnel reconnu.
Mais Aujourd’hui, avec l’accession de la Coalition « Diomaye président » au pouvoir, le contexte et le cadre ont changé. L'on n'est plus dans un cadre partisan, mais en république. Un cadre régi par le principe de l’égalité des citoyens, surtout que ce sont ces Sénégalais non membres de partis politiques qui ont majoritairement voté pour le changement et l’accession de Diomaye Faye à la présidence de la république.
Ces frondeurs doivent dès lors se montrer raisonnables et intégrer l’idée que le seul critère valable de nomination à un poste public dans une république, doit demeurer la compétence et la probité morale et non celui de de n’avoir jamais critiqué Ousmane Sonko, dans le passé. C’est le seul critère qui vaille. Sinon après on glisse sur le terrain du sectarisme et du népotisme.
Il y a d'ailleurs à se demander de quoi cette frange du Pastef frondeuse se plaint-elle ? ce d'autant plus que l’essentiel des postes - en dehors de ceux attribués à quelques rares alliés de la coalition « Diomaye Président », juristes, économistes et journalistes qui avaient pris fait et cause pour le parti -, est en grande majorité détenu par des cadres du parti.
Cela serait en tout cas un précédent dangereux que de cautionner certaines attitudes et de laisser prospérer l’idée qu’il y aurait dans les rangs Pastéfiens, une sorte de police des nominations. Le risque est de voir le pays devenir ingouvernable et de laisser entrevoir l’idée que les décisions des gouvernants, en particulier du président de la république, pourraient durablement être remises en cause.
Nos institutions, malgré quelques moments de crises, se sont toujours montrées résilientes. Elles ont tout le long de notre récente expérience démocratique, permis d’organiser de manière pacifique des élections, d’installer des présidents de la république, des députés et d’organiser des rentrées de cours et tribunaux, sans difficulté aucune. Qu’on ne s’aventure donc pas à rompre cette trajectoire historique faite de stabilité démocratique et d’institutions préservées.
Si Ousmane Sonko, tout leader du Pastef qu’il est, a combattu le régime passé et de surcroît ce qu'il a considéré comme de la mauvaise gouvernance et de l’injustice, ce n’est nullement pour se retrouver par la suite à appliquer une politique discriminatoire au pouvoir, alors qu’il a lui-même chanté sur tous les toits, cette volonté de rupture. Le leader de Pastef doit dès lors, en tant que premier ministre, vu à tort ou à raison comme le véritable détenteur du pouvoir, pour des raisons que l’on connaît tous - , celui qui doit davantage veiller à instaurer de la discipline au sein de ses troupes, au moment où une certaine frange s’est publiquement autoproclamée sentinelle du « projet ».
Sa récente sortie lors de la nomination polémique d'Aoua Bocar Ly Tall, au Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (Cnra) a certes permis de calmer le jeu, mais il doit, en tant que leader charismatique et tribun très écouté, s’évertuer à organiser son parti qui gagnerait à être plus structuré, avec des militants moins enclins à s’octroyer un pouvoir et une autorité qu’elle ne peut pas et ne doit pas avoir dans l'espace de la république. Un parti politique n'est à la vérité qu'une association privée comme n’importe quelle autre.
L’esprit de dépassement, c’est à cela qu’on invite Ousmane Sonko, vis-à-vis de tous ceux qu'il considère comme des zélés qui lui ont rendu la vie dure pendant les moments de l'opposition. Un contexte dans lequel, il a été par moment victime d’injustice, même s’il n’a pas lui aussi été des plus tendres avec Macky Sall, son régime et certains membres d’institutions de la république.
Nelson Mandela est en cela un exemple parfait et inspirant de leader historique qui a su faire preuve d’un grand esprit de dépassement, pour qui connaît le régime d’apartheid autrefois basé sur la ségrégation raciale, un accaparement de l'économie et des terres par les Blancs, ainsi qu'une politique de répression féroce appliqué au noirs d'Afrique du sud. Difficile en effet de trouver un opposant africain à la hauteur de Mandela en Afrique et dans le monde. Il a en effet réussi la double prouesse, d’avoir non seulement libéré le peuple noir en Afrique du Sud, mais encore celle d’avoir installé des Noirs au pouvoir. Mandela, une fois au pouvoir, s’est résolument inscrit jusqu’à sa mort dans une logique de réconciliation de la nation arc-en-ciel multiracial, en rétablissant un peu plus de justice sociale, tout en combattant activement les préjugés et les ressentiments.
A l’heure où l’on cherche à redresser les entreprises publiques, ne nous cachons point derrière notre petit doigt. Nous devons nous évertuer à rester raisonnables et lucides. Sachons reconnaître humblement que certaines nominations ne sont pas à la hauteur des missions assignées. L’autre constat est que certaines nominations ont l'inconvénient de pêcher par un manque de qualification et de backgrounds suffisants des personnes concernées. D’aucuns auraient pu être placés à des niveaux de responsabilités moins importantes, question de leur permettre d’acquérir de l’expérience et de développer leur potentiel et attendre de se hisser plus tard au sommet des entreprises et institutions de la république.
Certaines entreprises ont en effet besoin d’être remises à niveau, là où d’autres doivent être mieux armées pour faire face à la concurrence sous régionale et internationale. C'est le cas d'entreprises stratégiques telles que La Poste, la Sonacos, le Port Autonome de Dakar, la Caisse des dépôts et Consignations, Air Sénégal, etc Elles ont besoin d'avoir à leurs têtes, de véritables managers et des présidents de conseils d'administration aux backgrounds élevés afin de rattraper leurs retards et d'y voir impulser des changements structurants. Les problèmes d’effectifs pléthoriques ou de détournements ou encore de gabegies relevés ça et là et dénoncés, sont certes réels dans beaucoup de cas, mais ces dirigeants installés à leur tête, donnent plus l’impression d’être obnubilés par une chasse aux sorcières, que de vouloir poursuivre l’objectif réel qui leur est assigné. On attend d’eux qu’ils mènent certes des audits afin de partir d’un meilleur pied, mais l’on attend plus, des orientations stratégiques capables d’impulser des dynamiques à l’aide de décisions managériales fortes et expertes. Et pour cela, il faut des profils appropriés et qualifiés à la tête de ces entreprises.
Le président de la république, Bassirou Diomaye Faye, en rappelant lors de sa déclaration de fin d’année, « cette exigence d’unité et de fraternité quasi existentielle pour bâtir l’avenir », a pointé du doigt l’importance de cette communion nationale autour de la même flamme de l’espoir, de la solidarité et du vivre-ensemble. »
« C’est dans un esprit d’humilité et de détermination que nous construisons, pierre après pierre, le Sénégal que nous voulons. Cette œuvre exige la mobilisation de toutes les énergies et s’appuie sur un esprit de solidarité, de tolérance, de don de soi et de dépassement », avait-il ajouté.
Dans la même veine, il nous a informés avoir « instruit le Bureau organisation et méthode de travailler à l’identification des postes clés devant être mis en compétition, de proposer des modèles types de fiches de postes et des règles d’organisation et de fonctionnement du comité de sélection des candidats » qui lui « seront soumis, au bout du processus, pour nomination » .
C’est ainsi qu’est prévu le lancement d’une plateforme dénommée « Ligeeyal sa reew» au courant du premier trimestre de 2025 et qui devra permettre aux Sénégalais, d’ici comme de la diaspora, de déposer leurs candidatures aux postes publics en compétition ou de proposer des projets et opportunités d’investissement.
Une fois que le président de la république a dit cela, que reste-t-il de plus à souhaiter ? Sinon que ce vœu pieu soit concrétisé, au lieu de tomber dans un sectarisme qui ne fait que davantage aggraver les clivages nés depuis 2021 à nos jours.
Cette frange de Pastef frondeuse doit juste se rendre à l’évidence que, pour que tous ces postes soient réservés à des Pastéfiens, il aurait fallu que tout l’électorat de Pastef, ne soit composé que de Pastéfiens. Or, la grande majorité de cet électoral est composé majoritairement de Sénégalais animés par le désir de changement et de réforme de ce pays qui a besoin de tous ses fils.