NETTALI.COM - Mouhamed Sylla risque 10 ans de réclusion criminelle. Cet électromécanicien est accusé par deux jeunes dames de viol. Il a fait face hier aux juges de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Âgé de 21 ans, il croupit en prison depuis 2022.

Le 1er novembre 2022, Kh. Diop a saisi la police d’une plainte contre Mouhamed Sylla, l’accusant de viol. Alors que l’enquête était en cours, B. Barry a rejoint la cause et a également pointé du doigt Mouhamed Sylla, l’accusant de l’avoir agressée sexuellement. Le modus operandi de leur bourreau consistait à les attirer avec des promesses d’argent ou de services à rendre. Ensuite, il isolait ses cibles dans des lieux où il pouvait agir en toute impunité.

Après plus de deux ans, l’affaire a été évoquée hier devant la barre de la Chambre criminelle du tribunal de Dakar. Kh. Diop, l’une des victimes, affirme que le 1er novembre 2022, elle a été chargée par une connaissance commune, nommée Khady Sarr, de récupérer un supposé colis chez Mouhamed Sylla. Sur place, elle déclare avoir été contrainte, sous la menace d’un couteau, à se déshabiller avant d’être agressée sexuellement. “J’ai crié, mais il m’a étouffée avec un coussin”, raconte-t-elle, encore marquée par cette violence. B. Barry, ancienne camarade de classe de l’accusé, a relaté une expérience similaire. Elle explique avoir été invitée à rencontrer un “vieux très riche” le 14 novembre. Sur les lieux, elle aurait été frappée avec une matraque, violée, puis filmée. “Il m’a demandé le mot de passe de mon téléphone. J’ai refusé, mais il m’a frappée”, a-t-elle déclaré à la barre.

Face à ces accusations, Mouhamed Sylla a catégoriquement nié les faits, évoquant des relations consenties avec les deux jeunes femmes. Il soutient que Kh. Diop l’a rencontré à plusieurs reprises en 2021 et qu’ils ont eu une relation intime de leur plein gré. Quant à B. Barry, il affirme qu’elle était une amie proche et qu’ils entretenaient une relation amicale, parfois ambiguë.

L’accusé a également contesté les preuves matérielles avancées par les parties civiles. Il a insisté sur le fait qu’aucune arme n’a été découverte lors de la perquisition de son domicile et que son téléphone ne contient aucun fichier compromettant, malgré les accusations de vidéos compromettantes.

Interrogé sur un message d’excuses envoyé à Kh. Diop, Mouhamed Sylla affirme avoir été contraint par cette dernière d’écrire ces mots. “Elle m’a forcé à le faire”, a-t-il déclaré.

Les avocats des victimes dénoncent des traumatismes durables

Les avocats des parties civiles se sont appuyés sur la concordance des récits pour établir la culpabilité de l’accusé. “Les témoignages sont si précis et détaillés qu’il est difficile d’en douter”, a déclaré l’un des avocats. Il a également évoqué les séquelles psychologiques des victimes, notamment B. Barry qui souffre désormais de claustrophobie.

Toutefois, le procureur, convaincu de la culpabilité de Mouhamed Sylla, a requis une peine de 10 ans de réclusion criminelle. Il s'est appuyé sur les aveux partiels du prévenu lors de l'enquête préliminaire ainsi que sur les échanges de messages entre ce dernier et Kh. Diop.

De son côté, la défense réclame l'acquittement au bénéfice du doute, estimant que les preuves sont insuffisantes pour condamner leur client.

Les conseils de Mouhamed Sylla mettent en avant un manque de preuves matérielles tangibles. “Aucun certificat médical ne prouve les violences. Les armes dont il est question n'ont pas été retrouvées et les vidéos évoquées par les parties civiles sont introuvables”, a plaidé son avocat, dénonçant une cabale montée contre son client. L’affaire mise en délibéré, le tribunal rendra sa décision le 4 février 2025.