NETTALI.COM - Lors de son face à face avec la presse, l’ancien parlementaire Moustapha Diakhaté a dénoncé les conditions de détention à Rebeuss ainsi que les longues détentions.

Après sa sortie de prison, Moustapha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire BBY, s’est entretenu avec la presse. Pour Moustapha Diakhaté, son séjour carcéral a été un “mal nécessaire”. En effet, l'homme politique sort de son incarcération avec des idées claires, en dénonçant les conditions de détention inhumaines qu'il a lui-même constatées durant sa détention.

“J'aimerais remercier le procureur et le juge qui étaient en charge de mon dossier d'avoir permis mon incarcération. Ce passage à Rebeuss m'ouvre davantage les yeux sur les conditions d'existence des détenus ainsi que sur tous les sacrifices consentis par l'Administration pénitentiaire,” a dit l'opposant avant d'ajouter : “ce lieu de privation de libertés qui ne devait contenir que 800 prisonniers, en dénombre plus de 3 000, au moment où je parle. C'est dire les conditions dans lesquelles nos compatriotes purgent leur peine. Nous devons agir en commençant par atténuer les longues détentions teintées parfois d'arbitraire. Sans oublier que nos magistrats devraient apprendre à diligenter les dossiers des mis en cause. Le moins que l'on puisse dire, et ce qui ressort de mon passage là-bas, c'est que la République viole la dignité humaine à Rebeuss”.

L’ex-député de la 14eme législature n'a pas aussi manqué de fustiger les conditions de vie dans la prison de Rebeuss, les détentions arbitraires et les longues détentions préventives. « Il y a des cas où il n'est pas nécessaire de décerner un mandat de dépôt. Une personne qui comparaît librement, ne devrait pas en recevoir un, et cela relève de la responsabilité des magistrats. Les détentions arbitraires sont nombreuses à Reubeuss. Beaucoup de détenus qui devaient être jugés dans un délai de six mois, sont là-bas depuis des années », a dénoncé Diakhaté qui pense d'ailleurs que la prison de Rebeuss doit être fermée et rasée.

« Si cette prison demeure, le Sénégal ne bénéficiera pas de la grâce divine. On ne peut pas paqueter des personnes comme des sardines, un endroit où, si on se déplace, une autre personne se met immédiatement à votre place immédiatement sans que l'on ne puisse rien y faire, où l’on se couche d’un seul côté jusqu’au petit matin. Il faut que Rebeuss soit démolie », a-t-il lâché.

Par rapport aux longues détentions préventives, il suggère aux familles des détenus de prendre les choses en main pour faire libérer ces derniers. « Si vous avez un proche qui croupit en prison depuis plus de six mois sans être auditionné, allez avec votre avocat trouver le juge d’instruction qui l’a placé sous mandat de dépôt afin qu’il le fasse libérer le plus rapidement possible. Le code de procédure pénale est bien clair là-dessus. En matière correctionnelle si on fait six (6) mois en prison sans aucun acte d’instruction ne soit posé, l’administration pénitentiaire peut être amenée à vous laisser rentrer chez toi », a-t-il ajouté avant de poursuivre : « Une personne accusée d'un crime, devrait être jugée après deux ans d'enquête. Il est inadmissible qu'un détenu soit emprisonné pendant cinq ans, puis jugé et condamné à seulement six mois de prison ».

M. Diakhaté n'a pas manqué de magnifier le dévouement à la tâche de l'Administration pénitentiaire. “C'est le moment aussi de rendre un brillant hommage à l'Administration pénitentiaire tout entière. Nonobstant la précarité de leurs conditions de travail, ils parviennent à tenir cette maison d'arrêt de Rebeuss. Le professionnalisme et l'humanisme du personnel doivent être salués. Autrement, cela aurait été insoutenable pour les détenus”, a-t-il informé.