NETTALI.COM - De deux choses l’une ! Soit le poste de Président de Conseil d’Administration (PCA) est très important dans le management de nos entreprises publiques, auquel cas, on le confie à des personnes à l’expérience avérée et au background indiscutable ; soit il ne l’est pas, et dans ce cas, l'on peut continuer à nommer à ce poste, des profils tels que celui de Kilifa, Nitt doff ou Queen Biz. La conclusion qu'il faudra dès lors en tirer, c'est que l’option de la récompense de ceux qui ont soutenu la lutte du Pastef, est devenue un des critères de nomination clair et net.
Qu’on ne me dise surtout pas que Queen Biz est titulaire d’un master car ce pays regorge de diplômés sans expérience pour beaucoup avec une peine énorme pour trouver la plupart du temps, un stage.
Des profils de PCA que l’on ne discutera point, ce sont certainement ceux de Habib Sy à la Senelec, Alassane Ndao à L’Office national de l’Assainissement du Sénégal (Onas), du Général Joseph Mamadou Diop à Air Sénégal ou encore de Pape Moctar Sarr à la Société africaine de Raffinage (Sar). Le premier est un ancien Directeur de cabinet, plusieurs fois ministres et diplômé de l’Ecole nationale d’Administration et de la Magistrature (ENAM), le deuxième, un ingénieur polytechnicien qui a acquis des dizaines d’années d’expérience et le troisième, un ingénieur centralien qui a longtemps évolué dans le milieu des hydrocarbures et qui est même un acteur dans la distribution. Il y en a certainement d’autres avec de bons profils.
Qu’on ne s’y méprenne surtout pas sur ce poste, il est bien plus important qu’on ne le pense. Une raison pour ne pas le confier à n’importe qui. Et même si le PCA dans une entreprise n’est pas investi d’une mission exécutive directe, il est tout de même porteur de l’orientation stratégique et de la vision de l’entreprise. Un de ses rôles est par exemple d’amener les administrateurs et la direction à bien connaitre et assimiler la mission de l’organisation, dans une logique de vision stratégique à long terme pour l’entreprise qui doit être appuyée par un plan stratégique de mise en œuvre. Il encourage à cet effet les administrateurs à une surveillance de haut niveau du secteur concerné et à la participation à ses activités stratégiques, sans toutefois s’ingérer dans la gestion courante qui est assurée par le DG.
Celui-ci doit à ce titre assurer et veiller à ce que chaque administrateur dispose des informations nécessaires de niveau stratégique, de manière à ce qu’ils puissent se forger une opinion éclairée sur l’entreprise.
Le PCA doit en outre s’assurer que les enjeux et attentes de l’actionnaire qui est l’Etat soient clairs et bien compris par l’ensemble des membres du conseil.
Tout cela juste pour donner un petit aperçu de l’énorme responsabilité qui pèse sur les épaules du PCA et de son conseil.
Dès lors, au regard de l’importance de la mission du PCA, comment comprendre la nomination d’une personne qui met pour la première fois de sa vie, les pieds dans une entreprise ? Soit l’on estime par exemple dans le cas du « Grand Théâtre » pour ne citer que celui-ci comme exemple, cette entité n’a qu’une simple et basique vocation, celle de louer ses salles et d’encaisser de l’argent. Auquel cas, il n’est peut-être pas nécessaire d’y nommer un PCA, mais juste un gérant pour s’occuper de la gestion au quotidien.
Il aurait mieux valu, semble-t-il, jouer la carte de la rationalisation au lieu de maintenir toutes ces entités éclatées qui auraient pu être regroupées. Surtout que le président Diomaye vient de décréter la sécheresse financière et des marges de manœuvre budgétaires quasi inexistantes. L’on aurait pu par exemple faire de ces monuments ou salles de spectacles (le théâtre Sorano, « Le Grand Théâtre », le musée des civilisations noires, le Monument de la Renaissance africaine, La Place du souvenir, etc) juste des centres de profit, logés à l’intérieur d’une direction générale plus importante qu’on pourrait par exemple dénommer « Direction des monuments et édifices culturels » et doter l'ensemble d'un PCA digne de ce nom et développer la vocation culturelle et historique de cette direction générale ? Mais peut-être que cette dénomination ou une similaire existe déjà au regard de la pléthore de directions notées lors des nominations du Conseil des ministres !
Beaucoup d’entités telles que la Sicap et la SN HLM, la Société de Gestion des Infrastructures publiques dans les Pôles Urbains de Diamniadio et du Lac Rose (SOGIP SA) et l’Agence d'Aménagement et de Promotion des Sites industriels (APROSI), Dakar Dem Dikk, le BRT et la SENTER, L'Office National de Formation Professionnelle et le Fonds de Financement de la formation professionnelle et technique (3FPT), sans oublier d’autres agences redondantes dans leurs missions et vocations, auraient par exemple pu être regroupées. La liste est bien longue.
Le gouvernement a pourtant bien commencé en supprimant le Conseil Economique social et Environnementale(Cese) et le Haut Conseil des Collectivités territorial (Hcct), jugés budgétivores, il doit pouvoir, maintenant qu’il a une majorité et les pleines capacités à l’Assemblée nationale, poursuivre sur la lancée de la rationalisation.
Beaucoup de nos entreprises publiques sont à la vérité si fragiles qu’elles sous perfusion de l’Etat. De plus, l’on peut facilement noter et c’est le cas dans quelques entreprises stratégiques, des DG dont l’inexpérience et le background approximatif sautent aux yeux et qui passent le plus clair de leur temps à signer des conventions avec l’Apix ou d’autres démembrements de l’Etat sur fond d’exposition médiatique comme pour prouver qu’ils font bouger les lignes ; à déballer sur les errements d’une gestion ancienne ; ou encore à créer des polémiques inutiles avec des salariés ou syndicats. Les corps de contrôle ne sont-ils pas là pour cela ? Et la Justice pour punir ceux qui sont coupables de fautes de gestion punies par la loi ? Ces DG-là ne devraient avoir ni le temps et encore moins l’énergie pour cela. A moins que cela ne soit pour cacher des carences.
Tout cela signifie que l’on devrait davantage faire surveiller ces entreprises publiques par des PCA à la hauteur de la mission et au background incontestable, afin d’aider à opérer le redressement de ces sociétés, dans le seul but de leur faire réaliser des performances et d’assurer leur pérennité.
Mais tout se passe comme si, à l’épreuve du pouvoir, le regard sur la réalité change et l’on voit les choses avec de nouvelles lunettes. Si en plus, l’on ne met en situation de devoir caser une clientèle politique loin d’être docile et qui a surtout expérimenté la bataille dans les réseaux sociaux et la rue.
L’on n’est pas vraiment pas sortis de l’auberge. Et si l’on veut produire du résultat dans la gouvernance, il faudra bien réfléchir à une option sérieuse de gestion sobre et vertueuse.
Tiens tiens, ce slogan nous amène à penser à quelqu’un, Macky Sall en l’occurrence qui a été loin d’être exemplaire sur ce plan.