NETTALI.COM - Le directeur de la communication, Habibou Dia, a rendu publique, le jeudi 6 février, lors d’une conférence de presse, une liste de 258 médias officiellement reconnus par l’Etat en conformité avec les dispositions du code la presse.

Il s’agit de 26 télévisons, 28 quotidiens, 30 radios commerciales, 102 radios communautaires, 22 web télés et 48 médias en ligne.

La publication de cette nouvelle liste fait suite à une précédente rendue publique en décembre dernier, dans laquelle figuraient 112 médias retenus après une soumission de dossiers sur la plateforme Déclaration médias du Sénégal (DMS), créée par le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique.

La proclamation de la première liste avait donné lieu à des contestations de la part des médias recalés ou non encore déclarés, qui disposaient d’un délai de72 heures pour porter des réclamations ou soumettre leurs dossiers.

A l’expiration de ce délai, 307 nouvelles déclarations avaient été effectuées, avait signalé le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, qui s’était attaché les services de l’Inspection du travail et du Conseil national de régulation des médias (CNRA) pour des "vérifications additionnelles".

Ce travail a donné lieu à la publication de la nouvelle liste de 258 médias reconnus conformes aux dispositions du Code de la presse.

Des sanctions prévues contre les récalcitrants

Lors de sa conférence de presse, le directeur de la Communication a par ailleurs précisé que 639 médias ont déposé leurs dossiers et que 381 n’étaient pas conformes aux dispositions du Code de la presse.

"Les médias qui refusent de se conformer et qui continuent de diffuser tomberont sous le coup de la loi. Ils encourent des sanctions allant jusqu’au retrait de leur signaux ou fréquence", a averti Habibou Dia.

Mais les sanctions ne sont pas valables que pour l’audiovisuel. Les médias en ligne et ceux de la presse écrite ne sont pas non plus épargnés. En ce qui concerne les premiers, le directeur de la Communication a informé que la cybercriminalité sera actionnée pour faire le nécessaire, s’ils persistent à exercer illégalement le métier sans remplir les conditions.

Pour la presse écrite, il a tenu à préciser que l'exigence du dépôt légal rend obligatoire l’impression. Aux entreprises qui se limitent à émettre des PDF, il avertit : “Celui qui pense qu’il peut faire de la presse écrite sans l'impression, je tiens à lui dire qu'il fait tout sauf de la presse écrite. Parce que le dépôt légal est indispensable et en parlant de dépôt légal, cela suppose que le journal soit l’imprimé.

Il faut noter que le besoin d’assainissement a pendant longtemps été réclamé par les acteurs de la presse. Sous l’ancien régime, ils étaient 535 médias qui bénéficiaient de l'appui destiné aux médias sans respecter les règles prévues pour être une véritable entreprise de presse. “Parfois, c’était juste des noms fallacieux qui n’existaient même pas”, rappelle le directeur de la Communication.

En sus de ces manquements, l'autorité s'était rendu compte qu’il n’y a même pas d’archives fiables par rapport à la liste de médias déclarés et reconnus auprès de ses propres services. C’est donc dans ce contexte qu’elle a entrepris cette démarche qui, à terme, devrait permettre plus de transparence dans la gestion du secteur, mais aussi plus de professionnalisme dans le traitement de l’information.

Afin de procéder aux vérifications, une commission multipartite a été mise en place, composée notamment du Cored, de la Commission nationale de la carte de presse et du CNRA pour les médias ; des ministères de l’Intérieur, de la Justice et du Travail pour le gouvernement. Audelà des dispositions du Code de la presse, il a été procédé à la vérification de la conformité des médias, eu égard à la législation du travail.

Le département tient à ce que toutes les entreprises enregistrées respectent la convention collective et s’acquittent de leurs cotisations sociales. Un levier pour faire respecter la loi du travail et rendre aux travailleurs leur dignité À ce propos, d’énormes manquements ont été relevés durant ce processus. Le directeur de la Communication l'illustre avec le cas de la presse en ligne, où certains médias étaient dans l'incapacité de fournir des contrats. “Après vérification pour la presse en ligne, nous avons reçu 123 soumissionnaires de contrats de travail. Alors qu'on avait 224 entreprises de presse en ligne déclarées. Cela veut dire que 123 au moins ont essayé de fournir des contrats. Pour certains, on s'est rendu compte qu’il y a des lacunes. Seuls 80 ont déposé des contrats en bonne et due forme. Cela fait au moins 80 x 3 contrats de travail. Ce processus aura donc aidé à faire bénéficier à certains travailleurs de conditions décentes”, s'est réjoui M. Dia qui avertit : “Nous n'allons pas nous arrêter là. Si vous inscrivez des personnes, nous allons veiller, avec le ministère du Travail, à ce que les droits de ces travailleurs déclarés soient pleinement respectés. Notamment par rapport aux cotisations sociales.” Ce qui n'a pas été le cas pour tout le monde.

Le processus a aussi permis de déceler certains manquements par rapport à la législation du travail. Quarante-trois médias ont déposé des contrats de stagiaires non conformes. Ces stagiaires doivent normalement bénéficier de CDD. Les services du ministère constatent également des CDD et des CDI non visés par l'inspection du travail et des prestations de services. “Nous n'allons pas lésiner sur les moyens pour exiger le respect de la législation. À terme, nous allons arriver à 369 journalistes au moins qui vont rentrer dans un cadre normal, c'est-à-dire jouir de conditions de travail décentes”, informe le directeur de la Communication.

Pour rappel, si, pour l'audiovisuel, l'autorisation de la tutelle est obligatoire, pour la presse écrite, c'est plutôt le régime de l'enregistrement avec une obligation d'un dépôt légal auprès des autorités compétentes. Pour la presse en ligne, il faut une déclaration auprès du ministère de la Communication. En plus de ces mesures, il faut également se conformer à toutes les dispositions du Code de la presse relativement notamment aux droits des travailleurs.