NETTALI.COM - Même si beaucoup sont alarmistes après la publication du rapport de la Cour des comptes, le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, veut lui proposer des solutions de sortie de crise. Selon lui, le Sénégal devra forcément réformer.
« Ce qu'il faut retenir, je le répète, c'est que ce rapport (de la cour des comptes) est une photographie fidèle de la situation financière du pays. Il confirme et valide les constats établis par l'Inspection générale des finances et met en lumière les insuffisances qu'il est désormais impératif de corriger avec rigueur et détermination », a insisté le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, lors du point de presse du gouvernement. Ce face-à-face avec les journalistes concernait les finances publiques sur la période 2019-2023. Selon lui : « Face à ces défis majeurs, nous n'avons qu'une seule voie, agir vite, avec responsabilité et méthode. Je m'approprie sans réserve les recommandations.»
«Au-delà des constats, ce moment est l'opportunité de bâtir un nouveau modèle de gestion publique. Nous nous engageons dès aujourd'hui à mettre en œuvre des réformes structurelles ambitieuses pour garantir la soutenabilité budgétaire et la prospérité de notre nation. Le déficit budgétaire moyen annuel de 11,1 % enregistré sur la période 2019-2023 et le niveau d'endettement atteignant 99,67 % du PIB en décembre 2023 illustrent la gravité des déséquilibres financiers accumulés ces dernières années», laisse-t-il entendre.
« Tel qu'elle était attendu, la Cour des comptes a passé en revue la gestion des finances publiques sur la période 2019-2023 pour mettre en lumière les insuffisances dans les procédures et sur le plan organisationnel, et pour procéder à des ajustements sur les statistiques de finances publiques, notamment l'encours de la dette et le déficit budgétaire. À travers cet exercice, le Sénégal réaffirme son engagement envers la transparence et la responsabilité dans la gestion des ressources publiques. Il s'agit non seulement d'un devoir envers les citoyens, mais également d'un pilier de notre démocratie », a-t-il conclu.
Les trois axes de la réforme
Par ailleurs, interpellé sur les implications de cet audit des comptes publics sur la mobilisation des ressources et les capacités d'endettement du Sénégal, le ministre a voulu rassurer l'opinion. L'ambition du Sénégal, dit-il, c'est de compter d'abord sur ses propres ressources. “L'enjeu, c'est le renforcement de notre capacité de mobilisation des ressources internes. C'est à deux niveaux : les ressources qui sont gérées au niveau de la DGID, celles mobilisées par la DGD et, de manière subsidiaire, la Direction de la Comptabilité publique qui encaisse des ressources par constatations. Ce que nous souhaitons faire, c'est d'avoir une deuxième génération de stratégie de mobilisation des ressources à moyen terme, en tenant compte des résultats de la première génération”. Dans cette perspective, la première action sera la réforme du Code général des impôts, dont les principales dispositions remonteraient aux années 70-80.
“Si nous voulons être dans l'air du temps, capter les niches de recettes que nous retrouvons dans l'économie moderne, qui est une économie numérique, une économie de communication basée sur les ressources nationales, il nous faut réinventer un nouveau code. Nous avons déjà stabilisé les termes de référence, élaboré une lettre de mission adressée au Premier ministre qui a donné, avec toutes ses équipes, toutes les orientations requises, afin que la DGID puisse dérouler cette nouvelle réforme”.
La grande innovation, selon lui, c'est que cette fois, ce ne sera pas un code écrit que par les spécialistes du droit fiscal. “Il n'est plus question que l'Administration, que la Direction générale des Impôts et des Domaines, quoique constituée d'experts brillants en matière fiscale, s'enferme dans les locaux du Bloc fiscal et nous viennent avec un code qu'ils ont élaboré dans un français, un droit limpide, bien rédigé, plus ou moins simple. Certainement, ils nous aideraient à procéder à une bonne modélisation juste des aspects juridiques de notre code, mais ils pourraient manquer de vigilance pour des raisons que l'on peut accepter. Pour la plupart, ils sont de brillants juristes certes, mais ils ne maitrisent pas forcément les enjeux que l'on peut retrouver dans le secteur des télécommunications, dans les mines...”, informe le ministre des Finances et du Budget, qui a aussi souligné que son administration compte également renforcer la digitalisation, qui va aussi aider dans la mobilisation des recettes.
“L'interopérabilité des plateformes devrait nous permettre de dénicher des entités économiques dans l'informel et de les amener à un meilleur formalisme. Il y a aussi les efforts de facturation électronique à faire en ce qui concerne les transactions internationales”.