NETTALI.COM - Six mois après avoir levé le voile sur l’état réel des finances publiques, le gouvernement continue d’assumer ses révélations, quitte à en payer le prix fort. Lors d’une conférence de presse, Ahmadou Al Aminou Lo, ministre Secrétaire Général du gouvernement, a réitéré les engagements pris envers les citoyens et les conséquences qu’ils ont entraînées sur les relations économiques avec les bailleurs internationaux.

“Il y a six mois, nous étions ici pour faire des éclairages sur la situation financière du pays. Quand nous faisions des éclairages, c’était juste tenir promesse de notre engagement devant la population”, a déclaré le ministre. À l’époque, le gouvernement avait affirmé que les chiffres annoncés par l’ancien régime étaient erronés, une déclaration qui avait immédiatement semé le doute sur la stabilité financière du pays.

Ces révélations, bien que présentées comme un devoir de transparence, ont eu un effet boule de neige. La confiance des institutions financières internationales, notamment le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale, s’est érodée au point de provoquer un gel des financements extérieurs. “Quand nous avions annoncé que les chiffres sur les finances publiques étaient faux, tous les organismes qui nous prêtaient de l’argent, c’est-à-dire le FMI et la Banque mondiale, avaient retenu leur main, c’est-à-dire bloqué l’argent qu’ils devaient nous prêter”, a martelé Ahmadou Al Aminou Lo.

En wolof, il a résumé la situation avec une phrase lourde de sens : “Baniou wakh beu legui que chiffre yi dou lolou, keipeuh kouniou done lebal mouy FMI ak Banque Mondiale, daniou téyé sen lokho”. En d’autres termes, à partir du moment où la vérité sur les finances a éclaté, les partenaires financiers internationaux ont fermé le robinet.

Le gouvernement se retrouve ainsi dans une situation délicate. D’un côté, il revendique un combat pour la vérité, qu’il qualifie même d’acte de bravoure. “Les choses en sont telles que c’est un vrai guerrier qui fait ce que nous avons fait”, a insisté le ministre Lo. De l’autre, les bailleurs de fonds, traditionnellement garants de l’équilibre budgétaire du pays, ont suspendu leur soutien, plongeant l’État dans une crise de trésorerie.

Derrière cette prise de position du gouvernement se cache une réalité implacable : l’économie nationale dépend en grande partie des financements extérieurs, notamment ceux du FMI et de la Banque mondiale. Leur méfiance entraîne inévitablement des tensions sur les finances publiques, avec des répercussions directes sur la gestion des services publics, les investissements et le coût de la vie.

Si l’exécutif campe sur sa ligne de transparence, il lui faudra convaincre les partenaires économiques de la viabilité de ses nouvelles orientations. La publication du rapport de la Cour des comptes et les ajustements budgétaires en cours seront déterminants pour restaurer la confiance. En attendant, les citoyens scrutent chaque déclaration gouvernementale avec attention, espérant que ce pari de la vérité n’entraîne pas un coût social trop élevé.

Entre vérité assumée et réalités économiques implacables, l’État se retrouve face à une équation complexe : comment conjuguer transparence et attractivité financière dans un contexte de méfiance internationale ? Une question à laquelle le gouvernement devra apporter une réponse rapide sous peine de voir la crise s’aggraver.