CONTRIBUTION - Plus de 64 ans après l'indépendance du pays, on est encore dans la victimisation. Alors sommes-nous en train de perdre du temps et pour rien ? Si ce n'est les bases françaises qui doivent quitter notre cher Sénégal, c'est notre héros national Lat Dior, qui est célébré en grande pompe dans la capitale du rail, sous l'oeil vigilant, et le discours haut en couleur, de notre Président Bassirou Diomaye Faye. Alors faut-il rejeter le passé colonial de ce pays, ou rendre à chacun sa part de vérité ?
Devons-nous écouter certains historiens qui défendent que la France fait partie de notre histoire, ou jeter aux orties tout ce qui est en lien avec ce pays ?
Après cette petite parenthèse, revenons sur les propos de ce follower qui avait assisté à l'inauguration du stèle de Lat Dior à la Place de France, actuelle Place Mamadou Dia. Que disait ce garçon : “les écoles de Thies manquent de toilettes”. Et si on est à ce stade, la responsabilité doit être imputée aux forces françaises, qui ont combattu Lat Dior. ! Quelle absurdité !
Cela me rappelle également un vieux débat qui avait cours à l'université de Dakar : “faut-il bombarder l'île de Gorée” ?
Cette question était un prétexte pour dire, que nous devons se départir de ce discours plaintif et pleurnichard. Il n'est certes pas à nier le rôle de l'histoire dans la forge des consciences collectives, mais il serait encore plus dangereux, si on voulait en faire un fonds de commerce, ou un combat purement idéologique, sans fondement scientifique, et sans consistance.
Il est vrai que ce discours qui est porteur d'une forte émotion peut passer très vite auprès de l'opinion publique. Mais ce sera pour combien de temps ?
Il est également constaté, depuis quelques temps, que tous les hommes d'affaires du pays sont devenus frileux et cachotiers, à cause de l'inquisition, de la suspiscion et des tracasseries de toutes sortes dont ils font l'objet. Cette façon de gouverner, peut à coup sûr décourager les investisseurs directs nationaux et étrangers, qui sont intéressés par le Sénégal.
Est-il encore nécessaire de faire tout ce bruit autour de la reddition des comptes, pour arriver à convaincre les populations, que le régime actuel ne pourra faire grand chose, tant que les caciques de l'ancien régime, qui sont accusés d'installer le pays dans un marasme économique, ne rendront pas gorge. A supposer qu'il ait une part de raison dans cette façon de présenter les choses, cette voie ne semble pas la plus indiquée pour sortir le pays de son état de délabrement économique.
Donc au lieu de passer son temps à fusiller le régime sortant, le régime en place devrait plutôt consacrer son temps à la recherche de solutions sûres et durables pour le pays. Et si le Pastef continue sa démarche cavalière, vindicative et sa méthode de gestion à la petite semaine, c'est le pays qui risque d'aller tout droit dans une impasse.
A la place de ce discours rébarbatif et anesthésiant, on attend plutôt de ce régime, un souffle de renouveau, quelque chose de comparable à la neuvième symphonie de Beethoven. Comme le pensait si bien Hegel, “rien de grand ne s'est accompli dans ce monde sans passion”. Et le philosophe semblait ainsi mettre l'accent sur la bonne passion, c'est-à-dire ce feu ardent qui irradie les grands desseins, trempe les énergies, et impulse le mouvement de la création historique.
Et c'est ça justement que nous attendons de Pastef, qui a l'obligation d'amener ce pays vers la civilisation économique, et rien d'autre !
BABACAR PAPIS SAMBA - La Pensée complexe