NETTALI.COM - Le président américain, Donald Trump, et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, ont eu vendredi un échange extrêmement tendu dans le bureau ovale à la Maison Blanche, face aux caméras et aux journalistes. Après leur affrontement verbal, le président ukrainien a quitté la Maison Blanche de manière prématurée.
Le pugilat a été lancé par le vice-président, J.D. Vance, qui a reproché au président ukrainien, venu chercher le soutien de Washington après trois années de guerre contre la Russie, de "manquer de respect" aux Américains.
Puis Donald Trump a embrayé, pour reprocher à Volodymyr Zelensky de "s'être mis en très mauvaise posture" et lancer qu'il "n'avait pas les cartes en main".
Il l'a ensuite menacé : "Concluez un accord [avec la Russie], ou nous vous laissons tomber", en jugeant qu'il serait "très difficile" de négocier avec le dirigeant ukrainien.
Le président français Emmanuel Macron a réagi depuis Porto (Portugal) où il est en déplacement vendredi en disant qu'il y avait "un agresseur, la Russie" et un "peuple agressé, l'Ukraine" et appelé à "respecter ceux qui depuis le début se battent", après l'échange houleux entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche.
"Il y a un agresseur qui est la Russie, il y a un peuple agressé qui est l'Ukraine", a-t-il dit devant des journalistes à Porto, où il achevait une visite d'État. "Je pense que nous avons tous eu raison d'aider l'Ukraine et de sanctionner la Russie il y a trois ans et de continuer à le faire", a-t-il ajouté.
Ironie sur la tenue de Zelensky
La visite avait déjà commencé sur une note inconfortable, le président américain, notant lors de l'arrivée de Volodymyr Zelensky, habillé comme à son habitude dans une tenue aux accents militaires, et non en costume-cravate : "Il s'est fait très élégant aujourd'hui".
Sans que l'on ne sache s'il s'agissait d'une blague ou d'une critique voilée.
Dans le Bureau ovale, le chef d'État ukrainien avait, avant que la rencontre ne tourne au pugilat, assuré que Donald Trump était "du côté" de l'Ukraine, et le républicain de 78 ans s'était félicité de conclure un accord "très équitable" sur l'accès aux ressources ukrainiennes.
Mais Volodymyr Zelensky a aussi affirmé qu'il ne fallait pas faire de compromis avec Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de "tueur", alors que Donald Trump a noté qu'il avait eu "de nombreuses conversations" récemment avec le président russe, dont il s'est rapproché de manière spectaculaire après son retour au pouvoir le 20 janvier dernier.
La vive altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky est "historique", a réagi sur X un haut responsable russe.
"Historique", a écrit Kirill Dmitriev, le patron du Fonds russe d'investissement direct et un des négociateurs russes dans les pourparlers russo-américains qui se sont tenus le 18 février en Arabie saoudite.
"Pour la première fois, Trump a dit la vérité en face au clown cocaïné", a pour sa part raillé l'ex-président Dmitri Medvedev, actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe, faisant référence à Volodymyr Zelensky.
De son côté, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a estimé que le président américain Donald Trump et son vice-président JD Vance avaient fait preuve de "retenue" face à "l'ordure" Volodymyr Zelensky.
Multiples réactions de soutien à Zelensky
L'Ukraine "n'est pas seule" et "peut compter" sur l'Allemagne et l'Europe, a réagi vendredi la ministre allemande des Affaires étrangères après la vive altercation à la Maison Blanche.
"L'Allemagne et nos alliés européens se tiennent unis aux côtés de l'Ukraine et contre l'agression russe. L'Ukraine peut compter sur le soutien indéfectible de l'Allemagne, de l'Europe et au-delà", a écrit Annalena Baerbock sur les réseaux sociaux X et Bluesky.
Le futur chancelier allemand Friedrich Merz a de son côté assuré le président ukrainien de son "soutien", et appelé à ne "jamais confondre l'agresseur et la victime dans cette terrible guerre".
Le Danemark est "fier d'être aux côtés de l'Ukraine et du peuple ukrainien" a écrit vendredi sur X la Première ministre danoise après la vive altercation publique entre les présidents ukrainien et américain à la Maison Blanche.
"Soyez forts, soyez courageux, n'ayez pas peur", ont écrit les présidents de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Conseil Antonio Costa dans une déclaration commune sur les réseaux sociaux. "Nous continuerons à travailler avec vous pour une paix juste et durable."
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a quant à lui assuré vendredi au président ukrainien et à ses compatriotes qu'ils n'étaient "pas seuls", dans un message publié peu après le clash sur le réseau social X.
La cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, a promis vendredi de rester aux côtés de Kiev et a remis en question le leadership américain en Occident.
"Aujourd'hui, il est devenu clair que le monde libre a besoin d'un nouveau leader. C'est à nous, Européens, de relever ce défi", a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux.
Alors que le Premier ministre hongrois Viktor Orban a remercié Donald Trump pour avoir "défendu courageusement la paix", la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a quant à elle appelé à la convocation "sans délais" d'un "sommet" entre les États-Unis, l'Europe et leurs alliés sur l'Ukraine.
Vendredi soir, de nombreux Ukrainiens se disaient choqués, effarés ou furieux après l'affrontement verbal entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky.
"Filet de sécurité"
La conférence de presse commune prévue à 13 heures, heure locale (19 heures de Paris) a été annulée, tout comme la signature d'un accord-cadre sur les minerais, hydrocarbures et infrastructures ukrainiennes.
L'accord prévu entre Washington et Kiev ne correspond pas aux exigences initiales du président américain, qui voulait la mention d'un montant de 500 milliards de dollars [environ 481 milliards d'euros], disparu du texte final. Il établit un fonds d'investissement commun dans les minerais, hydrocarbures et investissements.
Le texte ne prévoit pas non plus de garanties de sécurité pures et dures pour l'Ukraine dans le cadre d'une cessation des hostilités, même si Donald Trump avait dit jeudi que cet accord fonctionnerait comme une sorte de "filet de sécurité".
"Je ne pense pas que quiconque va chercher des ennuis si nous sommes [en Ukraine] avec beaucoup de travailleurs [pour exploiter des minerais]", avait ajouté le président américain.
Les enjeux de la venue de Volodymyr Zelensky vont toutefois bien au-delà du manganèse et graphite dont le sol ukrainien regorge.
L'Ukraine et l'Europe ont suivi avec inquiétude le rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine, qui se sont longuement parlé le 12 février et qui ont lancé des négociations pour mettre fin à la guerre, avec l'objectif, pour l'impatient milliardaire républicain, d'aller vite.
Le président américain répète qu'il a confiance dans le président russe, malgré les avertissements répétés de Londres et de Paris sur la fragilité de toute trêve qui ne serait pas accompagnée d'un solide dispositif de contrôle et de sécurité garanti par l'Amérique.
Jeudi, il s'est dit convaincu que Vladimir Poutine "tiendrait parole" en cas de cessez-le-feu.
Donald Trump refuse de considérer Moscou comme responsable de la guerre. Il a totalement fermé la porte à une potentielle adhésion à l'Otan, espérée par Volodymyr Zelensky, en l'invitant à "oublier" une telle perspective.
Avec AFP