NETTALI.COM - Lorsque l’on parvient à vendre la haine à une faune en colère, il faut bien lui justifier le pourquoi du comment par qui, n’est-ce pas ? Le catastrophisme a simplement changé de camp, servant désormais d'excuse à ceux qui promettaient la lune hier

Lorsque l’on parvient à vendre la haine à une faune en colère, il faut bien lui justifier le pourquoi du comment par qui, n’est-ce pas ? Le catastrophisme se présente comme l’explication logique au misérabilisme que l’actuel régime distille depuis une dizaine d’années, depuis les réseaux sociaux incendiaires jusqu’aux meetings exaltés d’une opposition définitivement va-t-en-guerre…

L’ennemi du peuple : le régime de Macky Sall, qui ne s’encombre pas de scrupule. La preuve par les embastillements de Khalifa Sall et Karim Wade, tous deux coupables de juste lorgner le fauteuil présidentiel. Si ce n’était que ça : ce gang non seulement verse le sang des Sénégalais, mais il pille le pays, comme dirait l’autre, «il arrose son couscous de leur sueur».

Passons sur ce qui relève de la gnognotte : les partages écœurants de terres à coups de lotissements sauvages, l’avion présidentiel qui fait la navette entre Dakar et La Mecque pour que la Camorra puisse aller y déposer son sac de péchés…

Bref, le train de vie agaçant de ces épicuriens qui nous gouvernent alors… Les scandales à milliards se suivent sans se ressembler, entre les six mille milliards Cfa de Aliou Sall, qui vend notre pétrole avant même le premier forage (devenant de la sorte le débiteur de chaque Sénégalais à hauteur de quatre cent mille francs), et les vingt-neuf milliards de Mame Mbaye Niang, s’intercalent les mille milliards du fonds Covid et les quatre-vingt-quatorze milliards de Mamour Diallo et Tahirou Sarr…

Et quand l’héroïque peuple se rebiffe pour sauver son «Projet», ça le canarde comme un tir aux pigeons de kermesse : cinquante-et-un Sénégalais meurent alors par balles entre mars 2021 et février 2024. La «mackyavélique» ploutocratie est doublée d’une dictature sanguinaire qui charrie des rivières d’hémoglobine. Voilà la catastrophe dont le duo «Sonko môy Diomaye» sauve les Sénégalais par la magie des urnes le 24 mars 2024, une semaine après être sorti de prison par on ne sait quelle pirouette. Bien sûr que ce tandem qui échange les petites attentions l’un envers l’autre est capable de miracles. Il pilote un projet que quatre mille cadres, d’authentiques Sénégalais, peaufinent depuis une décennie. Retrouver notre souveraineté perdue depuis plusieurs siècles, en sortant du Cfa en virant la France, et les bailleurs de fonds ; ils vont faire mieux : rendre à la justice son véritable lustre et jeter en prison toute cette mafia qui suce le sang du pauvre Sénégalais.

Ça va démarrer au quart de tour après la passation de pouvoir entre l’imberbe rondouillard Macky et le barbu svelte Diomaye. On change de planète, en résumé, mais que d’émotions pour en arriver à ça…

Et puis, patatras, une fois aux commandes du navire Sénégal, qui ressemble de loin à un majestueux yacht, ça se rend compte que l’héritage est un rafiot rafistolé qui prend l’eau de toutes parts.

Alerte : c’est la cata !

Il ne faut pas attendre longtemps pour que le tandem commence à étaler ses états d’âme sur la place publique. Sortez les mouchoirs, snif : c’est le Premier ministre qui ouvre le feu, annonçant urbi et orbi que la mafia qu’ils viennent de virer du pouvoir est de surcroît un repaire de faussaires qui truquent les chiffres comme un compteur de casino, et que la dette crève les plafonds. On ne vous dit pas, les institutions budgétivores à dissoudre dans de l’acide parlementaire, les recrutements fantaisistes dans les sociétés nationales, les salaires mirobolants aux copains…

Bien entendu, le Fmi, qui compte jusque-là poursuivre sa collaboration avec l’Etat sénégalais, est pris subitement d’un doute ; il faudra réfléchir et attendre que les vrais chiffres sortent ; sur les marchés financiers également, la signature du Sénégal devient sujette à caution ; les bailleurs traditionnels deviennent plus regardants, surtout après avoir découvert que l’Etat sénégalais «aura emprunté alors qu’il n’en avait pas vraiment besoin»… Sur cette délicate question, la demande d’explication tarde à obtenir une réponse convenable. Et puisqu’on est dans le redressement de torts, dans la foulée, ça dédommage tous les braves casseurs de mars 2021 à janvier 2024, les rescapés du massacre, tout de même victimes des exactions des Forces de l’ordre. Quant aux proprios des biens saccagés, ils peuvent s’estimer heureux de ne pas être poursuivis pour détention de biens mal acquis.

En attendant, la traque aux Rapetous est lancée avec comme principal repère le délit de sale gueule : ils sont quelques-uns à vite se retrouver au cachot, pour avoir commis l’impardonnable péché d’arborer des mines trop réjouies et de l’embonpoint en ces temps d’austérité.

En attendant que le «chef de gang», comprenez Sa Rondeur Macky Sall, se retrouve devant la Haute cour de Justice ?