NETTALI.COM -  Ce lundi 1O mars, les forces armées gambiennes ont annoncé le décès du général de brigade Bora Colley. Fidèle parmi les fidèles de l'ancien président Yahya Jammeh, il est décédé dans une caserne militaire où il était détenu depuis sept mois, après son retour en Gambie, à la suite d'un exil volontaire de huit ans.

Avant son arrestation, Colley circulait entre la Guinée-Bissau, où il séjournait, la Casamance et le Moyen-Orient, selon les services de renseignement gambiens qui suivaient attentivement ses déplacements. Sa notoriété a conduit à son arrestation au Sénégal, en janvier 2017, au poste-frontière de Mpack, à Ziguinchor, alors qu’il tentait de traverser la frontière vers la Guinée-Bissau.

Cependant, en raison de la détérioration de son état de santé, les autorités sénégalaises l’ont libéré, craignant qu’il ne devienne un fardeau dans un climat sécuritaire régional déjà tendu. Il a ensuite rejoint d’autres Junglers en fuite en Guinée-Bissau. Son avocate de l’époque, Hélène Cissé, avait fait valoir que son état de santé s’était dégradé depuis 2012, ce qui avait eu un impact significatif sur sa vie professionnelle et personnelle. Elle a affirmé qu’il avait demandé un traitement médical à l’hôpital Général Souleyman Junkung Jammeh de Gambie, à Bwiam, avant de tenter de fuir.

À la surprise générale, en août dernier, cet ancien chef des hommes de main de Yahya Jammeh, appelés les “Junglers”, et ancien directeur de la prison Mile Two de Banjul – tristement célèbre pour les actes de torture commis sous le régime de Jammeh – est retourné en Gambie. Il a été immédiatement arrêté et placé en détention par la justice militaire gambienne.

Selon le porte-parole de l'armée gambienne, le colonel Lamin Sanyang, le général de brigade Bora Colley aurait évoqué des problèmes de santé pour justifier son retour en Gambie. Pourtant, il avait refusé de témoigner devant la Commission vérité, réconciliation et réparations (TRRC) afin de répondre aux accusations de graves violations des droits humains portées contre lui.

À l’issue de deux années de travaux, la TRRC a recommandé des poursuites contre Bora Colley pour son implication présumée dans plusieurs cas de torture et d’exécutions extrajudiciaires. La commission avait documenté ces faits à travers des dizaines de témoignages et des éléments de preuve consignés dans des procès-verbaux pour le tribunal spécial en attente de mise en place.

Pendant sa détention, son état de santé se serait détérioré. Pour élucider les causes de son décès, la justice gambienne a ordonné une enquête et une autopsie.

Avec la mort de Bora Colley, une partie importante de l’histoire de l'escouade de la mort qu'il dirigeait disparaît, même si la Gambie poursuit ses efforts pour rendre justice aux victimes.