NETTALI.COM - Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens a annoncé la renégociation des contrats relatifs à l'exploitation du Train express régional et de la plateforme aéroportuaire. Il a fait la déclaration le dimanche 16 mars. C'était au cours del'émission “Point de vue” sur la RTS1.
Yankhoba Diémé était dimanche, l'invité de l'émission “Point de vue”sur la RTS1. Et il n'a pas semblé très convaincu par la contrat relatif au Train express régional (TER). Selon en effet le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, au moment où le Sénégal concluait ce projet avec les Français, les Turcs avaient fait une offre sans commune mesure.
“Il convient de le rappeler, ce TER nous a couté 1 200 milliards F CFA. C'est le cout officiel. Nous l'avions conclu à un moment où le Sénégal avait signé, avec une société turque, pour le même montant, un contrat qui devait lui permettre de réaliser la voie ferrée à écartement standard -c'est-à-dire le même que le TER - de Dakar à Tamba, avec un port à Tamba. Il a finalement abandonné ce projet, pour négocier avec l'entreprise que vous connaissez, qui nous a livré le TER pour 36 km. Disons 50 km, si l’on y ajoute le tronçon Diamniadio - AIBD”, a indiqué le ministre des Transports qui n'a pas du tout été tendre avec les Français et les tenants de l'ancien régime.
Après avoir annoncé récemment que le contrat avec la SNCF relatif à l'exploitation va arriver à échéance en 2026, il a réitéré la volonté du régime de le renégocier pour mieux préserver les intérêts du Sénégal. “Les négociations sont déjà ouvertes et je suis persuadé que nous nous en sortirons avec un mieux-disant pour le Sénégal. Pourquoi ne pas entrer dans le capital de la Seter et faire sauter un certain nombre de verrous”, envisage le ministre Diémé qui insiste sur le volet rentabilité.
Rappelant que l'État injecte en moyenne 18 milliards pour combler le déficit du TER, il précise : “Dans les clauses, le cocontractant a bunkerisé le contrat en imposant un seuil de rentabilité. Pour dire que, quelle que soit la réalisation, s'il n'atteint pas ce seuil, l'État doit couvrir. Ce qui veut dire que nous ne partageons pas les risques et les pertes”.
Vers une renégociation des contrats de la Seter pour le TER et de LAS pour l'aéroport
Afin de réduire le montant de la subvention, le ministre a prescrit un certain nombre de mesures de redressement. Il s'agira, d'abord, de réduire les charges au strict minimum, mais surtout de donner au train sa vocation régionale. “Le TER est prévu pour rouler sur de longues distances. Le fait qu'il roule sur une courte distance avec 13 arrêts en 36 km, ça use les rails, ça use le train lui-même, parce qu'il ne doit pas rouler comme un tramway. Ça coute plus cher en entretien et c'est moins rentable”, explique M. Diémé qui ajoute : “L'ambition est de l'étendre jusqu'à Thiès, jusqu'à Mbour. Avec une deuxième phase qui doit aller à l'AIBD, qui va être opérationnel avant le mois de juin.”
En perspective de la réception de ce tronçon, il a été rappelé que l'État a déjà reçu six rames sur les sept qui étaient déjà commandées. Et en perspective des JOJ, le gouvernement a fait une commande de cinq autres rames supplémentaires.
Le ministre des Transports ne s'est pas arrêté à annoncer une renégociation du TER. Pour lui, la même entreprise de renégociation est envisagée pour la gestion de l'aéroport Blaise Diagne de Diass. A l'en croire, c'est un vrai paradoxe d'avoir une structure qui s'appelle AIBD, qui gère tous les aéroports du pays sauf le principal aéroport qui porte son nom. L’”AIBD gère tous les aéroports, sauf l'aéroport international Blaise Diagne. C'est un vrai paradoxe. Le contrat avec les Turcs est à échéance. Comme pour le TER, il y aura renégociation”, souligne le ministre qui refuse toutefois qu'il y a eu une baisse du trafic. Le problème, selon lui, c'est plus la mauvaise gestion, avec de la gabegie dans la gouvernance de la structure. Ce qui a été à l'origine des licenciements.
Trafic à l'aéroport : le ministre réfute la baisse, l'Anacim et l'ANSD confirment
En ce qui concerne le trafic au niveau de la plateforme aéroportuaire, un rapport de l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie (Anacim) confirme la tendance baissière de l'activité annoncée récemment par l'ANSD. Sur les douze mois de 2024, l'agence publique a noté “une décroissance du nombre de passagers (directs+transit) de 0,57 %, une décroissance de 2,69 % du nombre de mouvements”.
Les plus fortes baisses ont été enregistrées dans les vols domestiques avec -26,24 % par rapport à 2023. Pour le trafic CEDEAO, les statistiques de l'Anacim font ressortir une baisse de 9,87 % du nombre de passagers ; pour la zone “Reste du monde”, un recul de 6,49 %.
Selon des sources proches du ministère des Transports terrestres et aériens, cette baisse s'explique principalement par les restructurations au sein de la compagnie nationale Air Sénégal qui avait supprimé certaines lignes déficitaires comme New York, Milan, Marseille, Lyon, Douala et Libreville.
Il s'y ajoute : en début d'année 2024, la crise politique avait créé plein d'incertitudes qui n'ont pas épargné le trafic au niveau de la plateforme, soulignait la source.
Malgré ces difficultés, l'aéroport de Dakar a pu résister non seulement en limitant les dégâts, mais aussi avec le fret qui a connu une hausse de 3,36 %. Aussi, les dessertes avec l'Europe, l'Afrique du Nord et le reste de l'Afrique (hors CEDEAO) ont connu des hausses respectives de 5,76 %, 11,18 % et 5,76 %.
Il y a quelques jours, l'ANSD informait de la baisse du trafic au niveau de la plateforme aéroportuaire par rapport à l'année précédente. “Au mois sous revue (décembre), le trafic aérien à l’AIBD se caractérise par une hausse de la quantité de fret (+17,4 %), de l’effectif total des passagers (+11,1 %) ainsi que des mouvements d’aéronefs (+7,6 %) en variation mensuelle. Comparés à un an auparavant, la quantité de fret (-24,1 %), les mouvements d’aéronefs (-4,0 %) et le nombre total de passagers (-3,7 %) régressent au mois sous revue”, rapportait l'ANSD dans son bulletin publié récemment.