NETTALI.COM - Le collectif des amicales de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar est très remonté contre le ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation. Il lui a adressé une lettre ouverte pour dénoncer leur situation et réclamer des solutions à leurs problèmes. Voici l'intégralité de la lettre.
Monsieur Abdourahmane DIOUF,
Vous n’êtes pas le ministre des bourses ! Et si vous l’étiez, vous semblez ne pas en avoir la maîtrise car votre souhait est déjà une réalité.
…Pour que nul n’en ignore !
En effet, contrairement à ce que la communication de la tutelle laisse croire, tous les étudiants ne sont pas boursiers et ceux qui le sont répondent à des critères d’attribution pédagogiques ou sociales fixés par le décret n*2014-963 du 12 aout 2014 et l’arrêté 00532 du 15 janvier 2015.
Les bourses d’excellences sont ainsi attribuées aux étudiants ayant obtenu la mention Très bien et Bien au baccalauréat ou aux lauréats du concours général. Les bourses entières sont attribuées aux étudiants ayant obtenu la mention Assez bien au baccalauréat ou admis par concours dans les écoles et instituts. La demi-bourse est octroyée aux étudiants ayant obtenu une moyenne minimum de 10.90 au baccalauréat. Les bourses sociales sont données aux étudiants non bénéficiaires de bourses pédagogiques, orphelins, en situation de handicap ou malade en priorisant le critère pédagogique en cas d’égalité de situation sociale.
Sur la base de ces critères objectives clairement définis, des milliers d’étudiants (même ayant obtenu le bac au premier tour) orientés parfois à des centaines de kilomètres de leur résidence habituelle, peuvent être totalement exclus du système de bourse.
Ainsi, la seule réforme attendue est celle qui n’aura que pour finalité l’amélioration des conditions de vie et d’études et non leur dégradation.
Depuis mars 2024, les bourses ne sont pas payées intégralement. Par exemple, pour un étudiant à qui on doit 5 mois de bourse, l’Etat (sans aucune communication préalable) ne lui paie que 2 ou 3 mois, prévoyant de lui donner le reliquat au prochain mois. Si les étudiants ne s’en sont pas plaint, c’est parce que nous sommes conscients de la situation du pays. La fonction de ministre ne confère pas un degré de patriotisme plus élevé.
La nécessité de rationalisation des dépenses ne peut s’opérer sur l’autel de l’avenir de la jeunesse. Le Sénégal du progrès ne saurait être celui qui remet en question des acquis obtenus à la suite de longues luttes. Si tel est le chemin emprunté, l’UCAD en serait plus qu’échaudée et répondra à l’obligation de s’y opposer.
Rappelons… Le viol de l’UCAD
Le 01 juin 2023, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar à été abusée, sa vocation déviée, son âme corrompue, souillée et son avenir compromis.
Après neuf mois de honte et de ridicule, dame UCAD rouvre ses portes en mars 2024, sous un vent d’espoir mais avec des stigmates vivaces !
L’UCAD a largement payé le prix du changement pour voir ses préoccupations reléguées au second plan par une tutelle qui affirme urbi et orbi qu’elle n’est pas sa priorité.
Pourtant, aujourd’hui :
- A l’UCAD, 80 % des étudiants ne bénéficie pas de logement. Ceux qui en bénéficient sont obligés d’héberger leur camarade. Dans une chambre conçue pour six personnes, on peut se retrouver avec une vingtaine d’étudiants, dans une promiscuité absolue.
- A l’UCAD, les amphis et salle de cours sont insuffisants au point que certains étudiants suivent les cours debout ou assis sur une brique.
- A l’UCAD, des écoles d’excellence sont dépourvues de moyen de transport pour les stages et séjour pédagogiques des étudiants.
- A l’UCAD, la licence se fait en 4ans ou 5ans au lieu des 3ans prévu par le système LMD.
- A l’UCAD, le master est interminable, plongeant les étudiants dans une incertitude et une vulnérabilité inouïe. Cette situation fait que les étudiants en master 2 de l’année 2022-2023 n’ont toujours pas soutenu leur mémoire et doivent assurer toutes les dépenses relatives au financement de leur recherche, à l’impression et à l’organisation de leur soutenance.
- A l’UCAD, l’eau y est une ressource rare avec des coupures intempestives et des baisses de pression interminables.
- A l’UCAD (la première et la plus grande université du Sénégal), il n’existe pas de complexe sportif, alors que le pays s’apprête à accueillir les JOJ en 2026.
Telles sont les réalités difficiles auxquelles font face les étudiants de l’UCAD, avec une résilience persévérante sans une once de lamentation, au nom de la stabilisation du calendrier académique.
Monsieur le ministre, les étudiants de l’UCAD vous demandent :
- La livraison les chantiers de logement (au grand campus et à la cité Claudel) en constructions depuis 3ans.
- La construction de nouveaux amphi et salle de cours et l’équipement des laboratoires.
- La réhabilitation des bâtiments endommagés lors des évènements du 01 juin.
- Le recrutement d’enseignants et de personnel encadrant.
- L’accompagnement des étudiants en master 2 victimes d’un système défaillant.
- La dotation en moyen de transport pour les facultés, écoles et instituts.
- La construction d’un complexe sportif à la dimension de l’UCAD.
On ne demande pas le ciel !