NETTALI.COM - Se fiant à ses archives, le Conseil constitutionnel, répondant à une correspondance du député Amadou Ba, affirme ne pas retracer une quelconque demande d'avis inhérente à la 3e candidature de l'ancien président Macky Sall. En dépit de cette réplique sans équivoque, le parlementaire semble ne pas vouloir lâcher prise.

Le Conseil constitutionnel rétorque au député Amadou Ba que ses données ne contiennent pas de traces d'une demande d'avis relative à la 3e candidature de Macky Sall. Il l'explique plus clairement au parlementaire : “Par votre correspondance citée en objet, vous sollicitez, en votre qualité de député de la XVe législature, des informations relatives à une demande d'avis sur la possibilité d'une troisième candidature que l'ancien président de la République, Monsieur Macky Sall, aurait soumise au Conseil constitutionnel. Cependant, les recherches effectuées au greffe et dans les archives du Conseil constitutionnel ne révèlent pas l'existence d'une telle demande d'avis.

Nonobstant cette missive du CC, le parlementaire, notamment à travers sa page Facebook, continue de contester l'idée selon laquelle Macky Sall aurait volontairement renoncé à prendre part à la Présidentielle de 2024. “Lors d’un colloque en France, le défunt président du Conseil constitutionnel, M. Mamadou Badio Camara, a révélé que le Conseil constitutionnel avait été saisi par le président Macky Sall sur la possibilité de sa 3e candidature à l’élection présidentielle de 2024”, indique le député dans son post. Qui ajoute : “Jusqu’à présent, la version officielle qui nous a été servie consistait à magnifier un renoncement volontaire et chevaleresque du président Macky Sall à sa 3e candidature pour préserver la paix sociale, alors même qu’il en avait le droit (dixit lui-même).

Le membre de Pastef ne s'arrête pas là et suppose que le vrai héros dans cette histoire, c'est le Conseil constitutionnel lui-même, comme l'explique le passage suivant : “Manifestement, l’art 27 sur la durée et le nombre de mandats n’a pas été suffisamment dissuasif pour empêcher les velléités de 3e candidature. Il a fallu le renfrognement du Conseil constitutionnel pour stopper les ardeurs d’un passage en force qui aurait déstabilisé le Sénégal.

En filigrane, le député est presque persuadé de l'existence “des termes de la demande d'avis du président Macky Sall”. Il suppose que la publication de celles-ci ainsi que “la réponse revêche du Conseil constitutionnel sont d’un intérêt public manifeste pour les citoyens, les juristes, les politistes et les chercheurs qui doivent donner leur avis sur une éventuelle réforme des Institutions”.

Concernant ce dernier sujet, l'élu du peuple estime qu’il est urgent de renforcer, dans le sens d’un verrouillage ultime du mandat présidentiel, “sa durée et le nombre”, que ce dernier soit “consécutif, successif ou concomitant”.

Une demande d'avis tacite

Il y a eu une demande d'avis sur l'éventualité d'un troisième mandat. L'avis a été donné très rapidement sur l'impossibilité de briguer un 3e mandat, compte tenu de la disposition constitutionnelle et du fait que le président venait d'exercer deux mandats consécutifs. Cela a peut-être influé sur sa décision de renoncer à un 3e mandat”.

Ces propos du défunt président du Conseil constitutionnel, qui remontent au 3 octobre 2024, lors de la “Nuit du droit”, justifient sans doute l'attitude d'Amadou Ba. À l'époque, le regretté président du CC avait avoué avoir subi beaucoup de pressions, mais rien d'anormal dans un contexte d'élection présidentielle.

Il y a eu beaucoup de tensions, il y a eu beaucoup de pressions. C'est peut-être un peu normal, puisque c'est une élection présidentielle. Les enjeux sont très importants et les politiques peuvent être féroces, avec tout ce qui peut contredire ou contrecarrer leur projet”, admettait feu Mamadou Badio Camara.