NETTALI.COM - Une joute inédite et déroutante se déroule entre le député Guy Marius Sagna et le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Guirassy, au sujet des dépenses effectuées au sein du ministère. Elle intervient dans un contexte de rationalisation des dépenses.

Le parlementaire Guy Marius Sagna a adressé une série de questions écrites au ministre, exprimant ses préoccupations quant à la justification de certains achats qu'il qualifie d'injustifiés ou d’excessifs. Dans sa correspondance, M. Sagna interroge notamment le ministre sur l'acquisition d'un nouveau salon de bureau à deux millions de FCFA, l'achat d'un tapis iranien à un million de FCFA, ainsi que du matériel de petit-déjeuner pour un montant de six cent cinquante mille FCFA. Le député a également soulevé la question des pratiques de “régularisation” dans l'attribution de marchés publics.

La réponse du ministre Guirassy, diffusée via ses réseaux sociaux, ne s'est pas faite attendre. Tout en reconnaissant le rôle essentiel du contrôle parlementaire, le ministre a déploré ce qu'il considère comme une “approximation” et une “volonté d’instrumentalisation politique”. Selon lui, les dépenses incriminées relèvent du fonctionnement normal d'un cabinet ministériel et sont inscrites dans le budget voté par l'Assemblée nationale, dont M. Sagna est membre. M. Guirassy a tenu à préciser que l'acquisition du mobilier de bureau a suivi une procédure d'appel d'offres transparente et qu'il n'a jamais changé de salon personnel. Il a expliqué que les équipements évoqués par le député concernent les salles d'attente et a justifié l'achat de pots de fleurs et de tableaux comme visant à rendre le bureau plus accueillant.

Concernant le tapis et le matériel de petit-déjeuner, le ministre a souligné qu'il s'agit d'un minimum de confort logistique destiné à l'ensemble de son équipe pour soutenir les longues sessions de travail. Le ministre a exprimé sa surprise face à l'indignation suscitée par des montants qu'il juge “dérisoires”, les invitant à recentrer le débat sur les “véritables enjeux” du secteur éducatif, tels que la qualité de l'enseignement et les infrastructures scolaires.

Il a également rappelé les efforts entrepris pour une gestion rigoureuse des dépenses au sein de son ministère.

La réplique du parlementaire

La réplique de Guy Marius Sagna n'a pas tardé. Dans une nouvelle communication, le député a accusé le ministre de se contredire en reconnaissant les achats tout en affirmant avoir été induit en erreur. M. Sagna a questionné la nécessité de remplacer du “neuf par du neuf” et a mis en doute la justification de dépenses telles que le matériel de petit-déjeuner à 650 000 FCFA, soulignant le contexte économique difficile du Sénégal.

Le député a rejeté la comparaison faite par le ministre avec les pratiques d'autres pays, insistant sur le niveau de développement du Sénégal.

Il a également rappelé les 29 questions écrites qu'il a adressées au ministre sur des problématiques qu'il juge bien plus importantes, touchant à des établissements scolaires en difficulté, au recrutement d'enseignants et à des questions de fond concernant le système éducatif.

M. Sagna a par ailleurs maintenu sa question concernant les pratiques de “régularisation” dans l'attribution de marchés, craignant des dérives vers la prévarication.

Il a affirmé que l'Assemblée nationale est la “première IGE, la première Cour des comptes” et qu'il continuera à demander des comptes au ministre sur la gestion des fonds publics. Ce vif échange témoigne de la tension entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif sur la question de la transparence et de la gestion des ressources de l'État, dans un contexte de rationalisation des dépenses publiques. On attend la réponse du ministre.